Sweetie, l'avatar qui traque les pédophiles

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Les détraqués sexuels n’ont qu’à bien se tenir. Sweetie, la petite fille philippine créée de toute pièce pour servir "d’appât" sur la toile, part en croisade contre les prédateurs sexuels à travers le monde.

Le 22/10/2014 à 12h23

Elle s’appelle Sweetie et vit aux Philippines. À seulement 10 ans et en l’espace de quelques semaines, la fillette a été libidineusement enjôlée par près de 20.000 "prédateurs" sexuels sur Internet. Mais Sweetie n’est pas réelle. C’est un avatar créé de toute pièce, il y a un an déjà, par la branche néerlandaise de l’ONG Terre des Hommes pour traquer les délinquants sexuels qui s'adonnent en toute impunité au tourisme sexuel 2.0. "Dès que je suis sur Internet, ils viennent me voir. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que je ne suis pas réelle", explique la fillette dans cette vidéo que nous publions.

Une initiative coup de poing et osée qui dénonce la gravité de ce phénomène, qui évolue dans l’ombre, alimentant les réseaux de prostitution et avilissant des milliers d’enfants. Les chiffres révélés par l’organisation sont alarmants : en l’espace de dix semaines, une dizaine de milliers de prédateurs, issus de 71 pays différents, s’est manifestée auprès de Sweetie, lui proposant de la payer pour se livrer à des actes sexuels par webcam. C’est ce qu’a annoncé Albert Jaap Van Santbrink, le directeur du service néerlandais de l’organisation. Selon le mode opératoire suivant, Sweetie s'introduit sur des forums publics de discussion fréquentés par des pédophiles, et engage la conversation. L’ONG rappelle toutefois que ces chiffres ne sont que l’arbre qui cache la forêt : environ 750.000 pédophiles sont susceptibles de rôder sur ce genre de site.Conversations, échanges de photos, tout est enregistré. Durant le temps de l’enquête, l'ONG a pu retrouver les adresses, les numéros de téléphone et les photos de ces "clients" potentiels, et a transmis leur identité à Interpol. "Vu que tout cela a lieu sur Internet, ils pensent que personne ne les observe, il a donc été facile de collecter des informations à leur sujet", a déclaré Hans Guyt, responsable de l'enquête. Ajoutant que les individus piégés sont "issus du monde entier, d'Amérique, d'Europe, mais aussi de pays tels que l'Inde, le Japon, la Corée du Sud. Ils peuvent se cacher derrière l’apparence de monsieur tout le monde, des pères de famille, des grands- pères, des hommes de 30 ans, 35 ans, 45 ans, 50 ans, un musicien, un architecte… Prémices de victoire pour l'ONG de défense des enfants, un pédophile australien de 38 ans, père de deux enfants, vient d’être condamné à deux ans de prison. Victime virtuelle ou non, l'accusé a commis un acte répréhensible et en paiera les frais.Néanmoins, l’ONG, qui livre une bataille acharnée contre le phénomène de la prostitution des enfants sur Internet n’est pas prête de crier victoire, s’indignant du nombre réduit de personnes interpellées. Des milliers d’enfants sont chaque jour contraints de se prostituer en ligne. Pourtant, seulement 6 criminels ont été interrogés, alors que le récent piège virtuel a permis en un temps record de débusquer un bataillon entier de dépravés. «Avec plus de ressources, nous aurions facilement pu en identifier 10.000», a déclaré Hans Guyt.Ce n’est pas un hasard si l’ONG a tenu à diffuser massivement son initiative et à communiquer aux autorités de différents pays les techniques mises en place pour réaliser le portrait de l’appât virtuel. L’ONG vise à éveiller les consciences et appeler à la vigilance et à l’utilisation de ces méthodes pour confondre les pervers sexuels et endiguer la pédophilie. Rappelons qu’en juin dernier, Terre des Hommes a remporté le prix de la meilleure publicité pour une ONG au Festival international de la créativité.

Par Ouardigh Rahmouna
Le 22/10/2014 à 12h23