Syrie : Le marocain qui voulait tuer Bachar

DR : Le journal de Kevin

Revue de presseKiosque360. C'est un portrait poignant qui fait la couverture de la dernière livraison du magazine Al Aan. Celui d'un jeune homme qui, comme de tant d'autres, a fait le choix de prendre les armes, aux côtés des rebelles syriens, pour mettre fin à un règne qui n'a que trop duré.

Le 10/10/2013 à 21h02

"Ma route de M'diq vers Idlib": c'est ainsi qu'a titré le magazine Al Aan, dans sa dernière livraison datée de vendredi 11 septembre, son interview avec celui que l'hebdomadaire décrit en couverture comme étant "le marocain qui voulait assassiner Bachar Al Assad". Achraf Jwid est en l'occurrence un jeune homme d'une vingtaine d'années qui "a fait ses valises avec enthousiasme et impatience", décrit Al Aan avant d'expliquer que sa destination est loin de ressembler à un club de vacances. "C'est vers un territoire guerre" que le jeune marocain part la mine réjouie, nous raconte le magazine qui l'a rencontré. Direction la Syrie !

"Il est actuellement dans la région d'Iblid. C'est de là qu'il raconte son histoire". Une histoire qui commence avec la naissance du Printemps arabe et dans les rangs du mouvement du 20 février. Notons au passage que c'est la première fois qu'un de ces jeunes marocains se confie à un média et parle de son "jihad en Syrie". Mais comment en arrive-t-on à une (r)évolution sociale par des armes à feux en plein cœur d'une guerre civile ? La réponse : "ces images d'horreur et de violence que je voyais constamment à travers les médias". Mais selon le jeune homme, "le déclic s'est déclenché lorsque 700 personnes se sont réunies en Egypte pour lancer une fetwa appelant à aller au jihad pour mettre fin au régime dictatorial de Bachar Al Assad", poursuit-il.

Prendre les armes ou prendre des positions

Plutôt confiant, Achraf explique dans son entretien qu'il a bien voulu abandonner les bancs de la faculté pour la cause de Dieu. Un choix "bien réfléchi", affirme-t-il, et qu'il ne regrette pas aujourd'hui malgré sa présence en milieu hostile. "Je suis dans une région assez calme qui n'est perturbée que parfois par les bruits des roquettes, qui tirent à quelques mètres de là. Il n'y a pas de guerre ou de tueries à proprement parler mais nous sommes en veille constante car nous sommes en pleine zone de liaison et des affrontements peuvent éclater à tout moment. Je peux me retrouver en quelques instants encerclé par de violants assassins", déclare-t-il sur les colonnes de Al Aan. Une situation qui pourrait en inquiéter plus d'un mais, à le lire, Achraf reste serein. Il expliquera plus loin que son voyage au nom du jihad correspond à ses croyances pour la défense de la justice et des droits de ces frères musulmans. Bien que ce départ en guerre sainte ne soit pas du goût de celui qu'il décrit comme son "père spirituel", à savoir Abou Hafs, ce jeune marocain reste convaincu de son choix.

Achraf n'est pas le seul dans ce cas. En effet, de plus en plus de jeunes marocains franchissent les frontières du pays en direction de ces pays en guerre. Un noble sacrifice, pour une cause malheureusement bien plus grande qu'il n'y paraît. En effet, qu'il s'agisse de la Syrie ou de l'Iraq quelques années plus tôt. Une question demeure : En quoi le départ de ces jeunes marocains en Syrie ou ailleurs, au nom du jihad, arrange la situation ? Ces pays ont certes besoin d'aide, mais pas dans ce sens, dans cette perspective d'appel à la violence. C'est de soutien politique que peuples mis à mal ont besoin. A ce niveau, le débat reste encore bien ouvert en ce qui concerne la mobilisation des pays arabes dans cette guerre, notamment en Syrie, qui fait rage depuis maintenant près de trois ans. Le Maroc ne cesse depuis le début de la crise en Syrie de tirer la sonnette d'alarme sur le drame que vit le peuple syrien.

Par Sophia Akhmisse
Le 10/10/2013 à 21h02