Les visites intimes ou la «khalwa chari’a» (ou encore l’intimité légale) instaurées par l’administration pénitentiaire, depuis des années, ne seront plus possibles, en tout cas à moyen terme. C’est ce que vient d’annoncer Mohamed Salah Tamek, délégué général à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR). Intervenant jeudi à l’issue de la 6e université du printemps organisée à Béni Mellal, Tamek a souligné que l’administration pénitentiaire ne dispose pas d’assez de moyens financiers et logistiques pour offrir le «droit» à l’intimité légale aux pensionnaires des prisons.
«C’est un luxe inaccessible. Et nous ne devrions même pas aborder ce genre de questions étant donné les moyens très réduits de l’administration pénitentiaire», a notamment affirmé le délégué général, cité par le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans sa livraison du week-end des 23 et 24 mars. «Vous pouvez tout avoir, à part cela», a-t-il ajouté, un sourire au bout des lèvres, écrit le quotidien.
Cependant, note Al Ahdath Al Maghribia, le responsable de l’administration pénitentiaire n’a pas totalement fermé la porte concernant ce sujet. Il ne s’agit nullement, laisse-t-il entendre, de confisquer le droit des prisonniers et des prisonnières à revendiquer des visites intimes. Voulant certainement partager une pensée avec les détenus, il a évoqué la possibilité d’impliquer le secteur privé dans ce domaine. Tamek n’est en effet pas contre l’idée que des promoteurs privés puissent investir pour offrir ce «droit» aux détenus.
Explicitant son idée, il a estimé qu’un investisseur privé pourrait bien construire des locaux à proximité des centres pénitenciers où les détenus pourraient jouir de leurs droits conjugaux et recevoir en visite les membres de leur famille, sur autorisation de l’administration pénitentiaire. «Pourquoi pas?», a-t-il conclu.
Instaurée au début des années 2000 dans le but de préserver les liens du détenu avec son conjoint, l’intimité légale est un privilège accordé à des prisonniers qui répondent à certains critères fixés par l'administration pénitentiaire. En tête de ces critères figurent, notamment, la bonne conduite et la durée de la détention. Les demandes de visites conjugales étaient d’abord adressées à l’administration centrale. Plus tard, les prisonniers désireux d’en bénéficier pouvaient s’adresser directement à la direction de leur centre pénitencier.
Notons par ailleurs que dans un rapport publié en 2012 et consacré à la situation des prisons, le CNDH avait recommandé de généraliser l’application du régime des rencontres conjugales intimes, augmenter leur fréquence et améliorer les conditions de leur déroulement.