C’est une condamnation exemplaire que la chambre criminelle de la Cour d’appel de Tanger vient de prononcer, mardi dernier, contre cinq individus qui avaient tenté d'intercepter le cortège royal. Les cinq «smairia», comme les appellent les Marocains, ont été condamnés à deux années de prison ferme chacun, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du jeudi 21 juillet. Ils ont été accusés d’avoir «entravé la circulation et le passage du cortège royal sur la voie publique, d’avoir retardé le cortège royal et d’avoir provoqué intentionnellement un accident de la circulation». Le procès s’est déroulé en audience publique.
Les faits remontent à la dernière visite de Mohammed VI à Tanger. Selon l’enquête menée par la police judiciaire, les mis en cause ont reconnu avoir guetté et intercepté le cortège royal en vue de «bénéficier de certains avantages». L’un d’entre eux était accompagné de sa fille mineure, sans doute pour susciter plus de pitié, et a provoqué un accident de la circulation dans lequel deux motards de l’escorte royale ont été blessés et évacués vers l’hôpital. L’un des deux motards, qui présentait des blessures graves, a même été transporté en urgence au CHU de Rabat.
Le mis en cause, âgé de 34 ans, a également été blessé dans l’accident. Après avoir reçu les soins nécessaires, il a été arrêté et soumis à un interrogatoire au cours duquel il a avoué avoir agi ainsi pour remettre une lettre au souverain, lettre dans laquelle il sollicitait l’intervention royale pour réintégrer son travail. L'homme avait, en effet, fait l’objet d’un licenciement.
Deux autres inculpés ont également reconnu avoir guetté le cortège royal, à bord d’une moto, avec la même intention de remettre au souverain une lettre pour, cette fois, bénéficier d’agréments de taxis.
Au moment des plaidoiries, le Parquet a requis des peines exemplaires qui ont été considérées, par les accusés et leurs familles, comme très sévères. Les accusés ont donc exprimé leur intention d’interjeter appel.
Le ministère de l’Intérieur a déjà mis en garde, à plusieurs reprises, contre ces pratiques et «le danger d’entraver la circulation et le passage du cortège royal sur la voie publique dans une tentative de bénéficier de certains avantages». De même, le ministère n'a cessé de démentir les rumeurs selon lesquelles certaines personnes auraient bénéficié d’un quelconque avantage en recourant à de tels actes, insistant sur le fait que de tels comportements mettent en danger la vie de leurs auteurs et d'autrui, comme ils constituent un crime puni par la loi.
La réaction ferme du ministère de l’Intérieur et l’action en justice peuvent être interprétées comme une stratégie dissuasive à l’encontre de toute personne envisageant d’intercepter le cortège royal. Il faut dire que le cortège royal fait souvent face à l’irruption brusque d'individus qui tentent de remettre au roi des lettres de doléances.