À l’occasion de la fête de Aïd Al Adha, la tannerie traditionnelle est remise sur le devant de la scène. En effet, les peaux (bettana) de bêtes (ovines, caprines ou bovines) de la fête du sacrifice finissent généralement leur parcours chez les tanneurs.
Mais cette activité, répandue dans le pays depuis très longtemps, va aujourd’hui bien mal. Les tanneurs traditionnels luttent uniquement pour leur survie et celle de leur activité, explique Assabah ce mardi 4 juillet.
Dans un reportage réalisé à Taroudant, le quotidien s’est intéressé à cette activité qui lutte pour ne pas disparaître. «Tout le monde a déserté les lieux. Nous sommes environ 30 artisans qui luttent aujourd’hui pour préserver cette activité qui patauge, en raison de la cherté des prix des matières premières, l’absence des perspectives commerciales et le manque de soutien matériel», a déclaré au quotidien Youss, un tanneur âgé de 66 ans.
Même constat pour le président de l’association des tanneurs, qui déplore la situation dans laquelle se retrouve cette activité très ancienne. Il précise que les tanneurs n’arrivent pas à s’en sortir, et fait remarquer que même les familles ont abandonné cette tradition de préserver les peaux du mouton de la fête et de la traiter afin de l’utiliser, ce qui se répercute encore négativement sur cette activité dans la ville.
Même sentiment de la part du deuxième vice-président de la chambre d’artisanat de Taroudant, Samir Chihab, tout comme l’ensemble des interlocuteurs, qui ont insisté sur le fait que ce savoir-faire ancestral se trouvait en péril.
En ce qui concerne l’histoire de cette activité, Lhoussine Yousfi, président du collectif civil à Taroudant, a expliqué que la tannerie de la ville, dont «l’existence remonte à l’année 1613, comprenait plusieurs ateliers, avec plus de 70 artisans tanneurs».
Enfin, Assabah a interrogé le président de l’association professionnelle des tanneurs de Taroudant, Jilali Diouar. «Le traitement spécial consiste à laver d’abord la peau au savon avant de la tremper dans du gros sel pendant deux jours, puis la rincer à l’eau», a-t-il expliqué.
Ensuite, «elle est mise à sécher au soleil pendant deux jours. Après cette étape, la laine est brossée puis rasée, et la peau plongée dans un bassin d’eau, puis de chaux pour la débarrasser de toutes sortes de résidus». Il s’agit d’un circuit très précis, mais aussi d’un travail pénible, avant que la peau ne soit transformée en cuir.