Tcharmil, l'autre visage de la violence

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Revue de presseKiosque360. Ils ont des rituels qui leur sont propres et des codes que seuls les initiés au “Tcharmil” détiennent.

Le 31/03/2014 à 20h33

Leur code vestimentaire obéit obligatoirement à certaines règles : des espadrilles "cobra authentique" portant la griffe d'une marque mondialement connue, le survêtement, de préférence noir, frappé de marques non moins célèbres et la montre dorée comme accessoire incontournable. Véritable phénomène de société, "Tcharmil" fait la Une de la plupart des quotidiens marocains à paraître demain, mardi 1er avril. Commençons par Al Massae qui consacre deux pages entières aux "mcharmline". Le quotidien affirme que les adeptes du "Tcharmil" ont réussi à créer un jargon dans lequel puise toute une génération. Les adolescents étant les plus portés sur l'utilisation de cette terminologie pour s'affirmer et exprimer leur révolte contre l'héritage parental et social, dont le code vestimentaire, le mode de vie et même la langue.

Al Massae souligne que le phénomène initialement né dans les quartiers populaires a été débattu au Parlement, suite à une question orale posée par la députée du PAM, Khadija Rouissi, au ministre de l'Intérieur Mohamed Hassad. Assabah, pour sa part, rapporte que la police judiciaire (PJ) de Casablanca a procédé, durant la semaine dernière, à un contrôle d'identité systématique afin d'identifier les adeptes du "Tcharmil". Selon le quotidien, la PJ a fait un rapport sur les individus qui apparaissent sur les pages Facebook faisant l'apologie du "Tcharmil" dans une démarche visant à créer une forme de paranoïa chez les citoyens qui ne se sentent plus en sécurité.

La révolution des marginaux

De son côté, Al Ittihad Al Ichtiraki souligne que la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a révélé que les interventions policières à l'échelle nationale ont abouti à l'arrestation de 10.300 suspects. Ceci alors que 4.700 personnes habitant la ville de Casablanca ont signé une pétition virtuelle pour dénoncer la recrudescence de la violence et le développement d'un certain malaise à cause du sentiment d'insécurité qui règne dans la rue casablancaise. Dans le même sens, Al Akhbar affirme qu'une nouvelle page Facebook nommée “oueld lmchermla” a recemment été créée et continue de faire le buzz malgré la campagne d'envergure menée par la police pour maîtriser le phénomène. Al Ahdath, pour sa part, affirme que la PJ a identifié un facebooker qui serait selon le journal derrière la création d'un certain nombre de pages dédiées au "Tcharmil".

"Tcharmil", en tant que mouvement, ne mérite peut être pas d'être qualifié de révolution. Le phénomène est cependant porteur de plusieurs messages et reflète une réalité amère : celle d'une jeunesse qui, au lieu d'étaler culture et connaissance, expose les butins de ses vols et son arsenal de la peur. La tendance qui a commencé à la manière d'une plaisanterie est en train de prendre l'ampleur d'un vrai phénomène de société pouvant dégénérer à n'importe quel moment. Et même la prison, qui est censée être le châtiment de ceux qui ne respectent pas la loi, pour "lemcharmline" elle est un galon voir même un honneur. Un adage qui leur est propre résume cette "philosophie". "Cela commence avec les chiffons et se termine en prison" (aouelha lebss ouakherha hebss).

Par Fatima Moho
Le 31/03/2014 à 20h33