Les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Une réalité que l’ancien député PJD de Kénitra, Aziz Elguermate, semble ignorer. L’ancien parlementaire islamiste a pris, en effet, l’initiative de saisir la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) pour demander l’interdiction de la diffusion de «Souhlifa», une série télé de grande audience suivie, selon des chiffres récents, par plus de 7 millions de téléspectateurs. Pour l’ancien parlementaire islamiste, cette série est «une atteinte à l’enfance». Pour lui, elle représenterait même une forme de «violence» contre les enfants, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du week-end des 16 et 17 mai.
Dans sa plainte, Aziz Elguermat considère que dans cette série comporte, une violence psychique est exercée sur la petite fille qui joue le rôle principal et qui, selon ses dires, est obligée d’exécuter des mouvements et des gestes qui portent atteinte à la pudeur. Il en va de même pour les répliques qui, toujours selon lui, comportent souvent des mots et des expressions contraires au «goût public».
L’ancien parlementaire va plus loin, il estime que le rôle que joue la petite fille dépasse ses capacités cognitives, intellectuelles et psychiques. Il risquerait donc de nuire à son épanouissement, tout comme son rôle peut lui attirer des critiques et pourrait l’exposer à des comportements et des commentaires désobligeants. Tout cela pourrait affecter sérieusement son développement psychique et influencer ses choix dans la vie. La série représente également, selon l’ancien parlementaire islamiste, un danger pour les autres enfants qui ne manqueraient pas de tenter d’imiter ce personnage dans la vie réelle.
Aziz Elguermat, poursuit le quotidien Assabah, s’est par ailleurs dit très étonné de l’ampleur des critiques et des commentaires négatifs que cette série a suscités chez de nombreux acteurs, dont des sociologues et des militants de la société civile. Tout ce monde est unanime, d’après lui, sur le fait que cette série représente une violence contre l’enfance. Pour appuyer sa demande, il fait évidemment référence à la loi 66.16 relative à la communication audiovisuelle, notamment l’article 8. L’article stipule que les opérateurs de la communication audiovisuelle doivent renforcer la protection des mineurs face aux contenus audiovisuels préjudiciables et contribuer à leur éducation aux médias et à la protection du consommateur.
Notons que d’après la dernière réforme de la HACA, élaborée par l’ancien ministre PJD de la Communication, Mustapha El Khalfi, les citoyens marocains peuvent désormais saisir directement cette instance pour porter plainte contre un programme. Les citoyens peuvent ainsi la saisir à chaque fois qu’ils estiment que les prestataires des services de communication audiovisuelle (radios et télés) ont commis une infraction aux lois régissant le secteur. Le droit de porter plainte contre les télés et les radios était, jusque-là, exclusivement réservé aux partis politiques, aux syndicats et aux associations reconnues d’utilité publique en plus des deux chambres du Parlement.