Les femmes marocaines détenues dans les prisons de Syrie et d'Irak lancent un nouveau cri de détresse, appelant les autorités marocaines à s'activer pour les rapatrier. Dans de nouvelles correspondances rendues publiques par la Coordination nationale des familles des détenus et des Marocains bloqués en Syrie et en Irak, elles témoignent de leur calvaire quotidien, elles qui estiment que leur seul tort a été de croire en des époux tombés dans l'escarcelle de Daech, alors qu'elles n'ont absolument rien à voir avec l'organisation terroriste.
Dans son édition du mercredi 4 novembre, Al Ahdath Al Maghribia révèle le contenu de certains de ces écrits reçus par la Coordination. L'un d'eux émane d’une jeune femme de 24 ans, écrouée dans une prison en Irak avec sa fille âgée de 2 ans à peine. Elle y raconte son quotidien en prison, avec son lot de malnutrition et de négligence sanitaire. Mais ce qu'elle dénonce surtout, c'est le fait que d'autres pays se soient mobilisés pour au moins rapatrier les enfants de leurs compatriotes bloqués ou emprisonnés en Syrie et en Irak, contrairement au Maroc. La jeune mère appelle à l'urgence d’une intervention du Royaume, d'autant que les autorités irakiennes la menaceraient aujourd'hui de la séparer de sa fille qui devrait être placée dans un orphelinat.
Pour ce qui est du contexte de son arrestation et de celle d'autres marocaines emprisonnées dans la même prison, elle évoque une volonté de fuir l’horreur de Daech. «Quand nos époux ont été tués, nous avons fui la Syrie alors que j’étais enceinte. Mais les autorités irakiennes nous ont arrêtés et mis directement dans une prison où l'on croupit depuis trois ans maintenant, dans des conditions effroyables», confie la jeune femme dans cette lettre dont se fait écho Al Ahdath al Maghribia.
Dans une autre lettre reçue par la Coordination nationale des familles des détenus et des Marocains bloqués en Syrie et en Irak, une autre jeune femme âgée de 26 ans appelle également à l’aide. Elle y évoque son état de santé précaire et l'impossibilité de se faire soigner dans la prison où elle est enfermée. Elle lance aussi un appel aux autorités marocaines pour la rapatrier et la ramener auprès de sa famille, dans le Royaume.
Les cas de ces deux femmes ne sont pas des exceptions. Selon les données de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), rapporte Al Ahdath Al Maghribia, 1.659 Marocains auraient combattu dans les rangs de Daech. Une partie d'entre eux cherchent à regagner le Royaume, après avoir goûté aux horreurs des combats dans la région irako-syrienne. 260 d'entre eux ont déjà été rapatriés dans les conditions de suivi et de contrôle mis en place par le Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ). Quant aux enfants coincés dans cette région, les données de l'UNICEF font état d'au moins 28.000 enfants issus d’une soixantaine de pays. Ils vivent pour la plupart dans des camps situés dans le nord de la Syrie.