Les étudiants de l’université internationale Zahraoui des sciences de la santé de Rabat, de l’université Mohammed VI des sciences de la santé de Casablanca et de l’université privée de Marrakech, s’apprêtent à engager un bras de fer avec les hôpitaux universitaires et le ministère de la Santé. Ils comptent entamer, dès la fin de cette semaine, des mouvements de protestation pour dénoncer «une campagne de désinformation» tendant à semer le doute sur leur qualification scientifique pour accéder à l’internat dans les établissements hospitaliers. Les étudiants du privé s’élèvent contre ce qu’ils appellent une campagne de dénigrement dirigée, depuis quelques semaines, par des parties universitaires et politiques.
Des étudiants du conseil de la faculté de Casablanca soulignent qu'ils évitent d’engager toute lutte contre leurs confrères dans les facultés publiques, par respect des valeurs qui régissent la profession médicale. Mais, ajoutent-ils, ils ne sont plus disposés à accepter que l’on induise en erreur l’opinion publique avec des allégations infondées. «Certains cherchent à nous priver de notre droit de passer les examens de l’internat et du résidanat et à limiter l’accès à cette formation aux seuls étudiants en médecine des facultés publiques ou ceux qui ont obtenu des diplômes en Ukraine, Roumanie, Russie, Algérie, Tunisie et au Sénégal», indiquent les mêmes sources.
Le quotidien Al Ahdath AL Maghribia rapporte, dans son édition du jeudi 27 juin, que les mêmes intervenants soulignent que la plupart des étudiants de la faculté de médecine publique sont des lauréats des écoles privées. Après l’obtention de leur diplôme, ajoutent-ils, seuls 16% d’entre eux exercent dans le secteur public, 74% rejoignent le secteur privé ou quittent le Maroc, sachant que le coût des études de chaque médecin avoisine le million de dirhams. Les étudiants dans les facultés privées affirment avoir longtemps gardé le silence pour préserver l’unité du corps médical.
Ils disent regretter ces manœuvres dilatoires qui essayent d’opposer les étudiants en médecine et sont déterminés à «accentuer leur mouvement de protestation dès la fin de ce mois pour faire connaître leur statut juridique et organisationnel. Pour ce faire, ils organiseront des conférences et des rencontres avec des responsables politiques et des acteurs de la société civile afin de les informer de la campagne de désinformation dont ils font l’objet et leur expliquer la légitimité de leurs revendications».
Le quotidien Assabah aborde le même sujet dans son édition du jeudi 27 juin, en se focalisant toutefois sur les mesures prises par le ministre de l’Education, Saïd Amzazi, pour essayer de mettre fin à cette crise. Ce dernier a présenté une offre indirecte aux étudiants en grève, en fixant les conditions d’accès au concours des facultés de médecine pour les universités privées. Une note de référence a été définie pour la présélection des étudiants en médecine des facultés privées. Un réajustement qui fait suite à la propagation des rumeurs laissant croire que les universités internationales, au Maroc, recrutent des étudiants dont le niveau est en dessous de celui de leurs confrères dans le secteur public.
Le ministre a mis fin à cette polémique en adressant une note aux présidents des universités privées, leur demandant de ne pas admettre d'étudiants dont le seuil de présélection est en dessous de 14,40. La note ministérielle a même fixé le nombre de places octroyées aux étudiants en médecine (856), à répartir sur les quatre établissements privés au titre de la prochaine année universitaire qui débutera le 9 septembre prochain. Afin de mettre fin à tout gonflement dans les notes accordées aux étudiants par les établissements privés, le ministre a décidé de ne pas prendre en compte les notes des contrôles continus au cours de la présélection des étudiants. Seules seront prises en compte la moyenne de l’examen national, qui représente 75% de la moyenne générale, et celle de l’examen régional, qui en représente 25%.