L’affaire de Hajar Raissouni, journaliste proche d’un des leaders du mouvement islamiste au Maroc et accusée d’avortement illégal et relations sexuelles hors mariage, continue de faire la Une des médias, que ce soit sur les réseaux sociaux ou les journaux de la place. Aujourd’hui, c’est l’un des principaux quotidiens -qui a jusque-là évité de traiter ce sujet polémique en attendant, dit-il, «l’obtention d’informations vérifiées à rapporter fidèlement aux lecteurs pour leur permettre de se faire leur propre idée sur le sujet»- qui sort de son silence pour apporter de nouvelles révélations sur cette affaire.
Dans son édition du vendredi 6 septembre, Al Akhbar traite de la version des faits tels que rapportés par chacun des protagonistes à la justice. C’est d’ailleurs en se basant sur des données obtenues de sources judiciaires que la publication relaie ses informations. D’abord, il est question de la version donnée par la réceptionniste du cabinet médical où l’avortement présumé aurait eu lieu. Cette dernière aurait déclaré, lors de l’enquête, que Hajar Raissouni s’était présenté au cabinet sous un faux nom pour solliciter une consultation avec le médecin. C’est en tout cas ce que rapporte Al Akhbar. La publication ajoute que la réceptionniste a alors demandé à la patiente de quoi elle souffrait et c’est alors que la journaliste lui aurait confié qu’elle était enceinte et espérait avorter. Après avoir pris contact avec le médecin, elle a obtenu un rendez-vous pour le lendemain, soit le 31 août dernier. Après avoir ausculté la patiente et l’avoir soumise à une échographie qui a confirmé une grossesse de sept semaines, le médecin aurait fixé le coût de l’avortement à 3.500 dirhams. Selon cette version des faits rapportée à Al Akhbar, l’opération aurait eu lieu en présence d’un anesthésiste réclamé par le médecin accusé dans cette affaire. Ceci aurait même été confirmé, lors de l'enquête, par l’anesthésiste qui a affirmé que le médecin lui avait expliqué qu’il s’agissait d’un avortement sollicité par une femme mariée qui craignait pour sa vie à cause de sa grossesse.Pour sa part, le médecin a totalement réfuté cette version. Selon les révélations d’Al Akhbar, il a précisé que la patiente s’était effectivement présentée à son cabinet sous un faux nom, mais qu’elle se plaignait plutôt d’un retard de ses menstruations. L’échographie qu’il a effectuée a alors montré la présence d’un caillot sanguin que le médecin a proposé d’enlever à la patiente contre 3.500 dirhams.
Pour sa part, la principale accusée dans cette affaire a déclaré, lors de son audition, qu’elle avait connu son présumé mari soudanais à la faculté il y a plus de huit mois, que ce dernier lui avait depuis demandé sa main et qu’elle avait accepté de l’épouser. L'homme se serait même déjà présenté à la maison familiale de Hajar Raissouni et un accord aurait été conclu pour que la cérémonie de mariage ait lieu le 14 septembre courant. Le journal ajoute que la version de la journaliste confirme l’existence de relations sexuelles entre les deux personnes, ainsi que sa grossesse. Le présumé mari en aurait été informé et le couple n’avait aucune intention d’avorter. Il espérait même avoir un garçon. Mais, au bout de quelques semaines, Hajar Raissouni dit avoir ressenti, dans le bas-ventre, des douleurs accompagnées de saignement. C’est là qu'elle se serait rendu au cabinet du médecin arrêté dans cette affaire.
Mais cette version, explique le quotidien, n’est pas exactement la même que celle rapportée par le futur mari. S’il confirme la première partie du récit de la journaliste, il explique cependant avoir accompagné sa future épouse dans un cabinet médical pour une consultation. Étant vraisemblablement resté à attendre dehors, il a été surpris par un appel de la journaliste, une trentaine de minutes plus tard, qui lui annonçait qu’elle venait d’avorter alors qu’il n’avait pas été mis au courant.
Quelle que soit la véracité de ces propos, une chose est sûre: cette affaire risque de faire encore couler beaucoup d’encre et pour longtemps, vu qu’elle touche à plusieurs problématiques de la société marocaine. Sans parler de l’attention que lui accorde l’opinion publique depuis plusieurs jours.