Tout sur les condamnés à mort

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La plupart des 142 condamnés à la peine capitale au Maroc souffrent de troubles psychologiques, conclut une enquête de l'OMDH.

Le 30/09/2013 à 15h18

Le Maroc gagnerait beaucoup de prestige à l’échelon mondial s’il venait à abolir la peine de mort, une condamnation "cruelle, dégradante et inhumaine qui contredit le droit à la vie tel que le stipule la nouvelle Constitution", a estimé lundi l’Organisation marocaine des droits de l’Homme (OMDH), auteur d’une enquête menée dans les couloirs de la mort et intitulée "Voyage au cimetière des vivants".

Cette enquête -la première effectuée par une ONG marocaine- s’est intéressée aux conditions de détention de 52 condamnés à mort sur les 114, dont deux femmes, qui croupissent dans les prisons marocaines sous le coup de cette terrible peine. "67% de ces 52 condamnés à mort rencontrés dans le cadre de cette enquête souffrent de troubles psychiques, de diverse maladies chroniques graves et vivent dans des conditions de détention insupportables (insalubrité, nourriture dégradante, isolement…)", affirme le président de l’OMDH, Mohamed Nesh-Nash, qui a appelé le gouvernement marocain à abolir rapidement cette peine. "La plupart de ces maladies psychiques auraient dû entraîner l’annulation de toute responsabilité pénale lors du procès", précise cette enquête.

Les auteurs de l’enquête -Ahmed El Hamdaoui, docteur en psychopathologie et Mohamed Bouzfla, professeur en droit pénal- ont vigoureusement dénoncé, lors de la présentation des résultats, certains procès ainsi que des tribunaux et expertises médicales qui ne répondent pas aux normes. Plusieurs orateurs qui ont pris la parole lors de la conférence de presse de l’OMDH ont critiqué, sans le nommer, le PJD qui continue à s’opposer à cette abolition pour des considérations religieuses, comme l’a rappelé le bâtonnier Abderrahim Jamai, coordinateur de la Coalition marocaine contre la peine de mort.

"Cette position d’attentisme observée par les pouvoirs publics nous préoccupe énormément", déclare le président de l’OMDH. L’enquête destinée à informer et à interpeller le public de la "réalité des couloirs de la mort" exhorte le roi Mohammed VI à exercer son droit de grâce et prononcer la commutation de toutes les peines de mort en peine d’emprisonnement à temps". Les auteurs de l’enquête recommandent au gouvernement -dont ils se disent surpris que la réforme de la justice telle que récemment dévoilée n’évoque pas le problème de la peine de mort- d’officialiser le moratoire sur les exécutions capitales en soutenant la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU appelant les Etats du monde à suspendre de telles exécutions.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 30/09/2013 à 15h18