Le doyen des barons de trafic de drogue est finalement tombé dans les filets de la police espagnole. Ce Marocain d’origine, âgé de 72 ans, a réussi, en 40 ans d’activité, à construire un empire immobilier opérant entre l’Espagne et le Maroc, de même qu'une société active dans l’import-export. Tout cela est géré en famille, avec ses fils et petit-fils, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 25 décembre.
Sous sa couverture d’homme d’affaires prospère, il a pu introduire en Espagne, pendant quatre décennies, toutes sortes de drogues, principalement des drogues dures importées dans des cargaisons de fruits tropicaux, depuis des pays d’Amérique Latine. Son arrestation a d’ailleurs défrayé la chronique en Espagne, puisqu’il a été appréhendé alors qu’il tentait d’introduire dans ce pays pas moins d’une tonne de cocaïne savamment dissimulée dans une cargaison d’ananas importée d’Amérique Latine.
«Laca», comme on l’appelle dans le milieu, s’appelle en réalité Abdelkader Ben Ali. Il est né en 1945, dans la région de Nador, d’où son autre surnom de "doyen" des barons de la drogue, affirme pour sa part le quotidien Akhbar Al Yaoum dans sa livraison de ce lundi. L'homme a toujours vécu dans l’ombre, tout en évoluant dans sa «carrière» de petit trafiquant de cannabis qui a débuté par les montagnes du Rif avant de s'attaquer au trafic international de drogues dures opérant depuis l’Amérique Latine, où il entretient des relations étroites avec de grands cartels de la drogue.
Le plus grand trafiquant de drogue en Afrique du Nord a, ainsi, démarré son activité en faisant passer, alors qu’il était encore très jeune, des petites quantité de cannabis qu’il vendait aux soldats espagnols basés à Melilla, d’où son autre sobriquet de «dealer de soldats». Jeune intrépide, il traversait régulièrement les frontières du préside à bord de sa mobylette chargée de boites en laque -d'où le surnom de «Laca»- dans lesquelles il dissimulait la drogue. Depuis, ses affaires ont bien prospéré et il est allé s’installer à Malaga où il a pu bâtir un empire commercial avec une forte présence dans, notamment, plusieurs pays d’Afrique de l’ouest.
Discret, il n’a jamais attiré l’attention des autorités qui n’ont jamais eu l’idée d’inquiéter cet homme d’affaires connu et respecté dans la région. Et ce, jusqu’à sa récente arrestation à l’aérodrome d’Algésiras, juste après l’interception de la plus grande quantité de drogues dures jamais saisie au port de la même ville.
Dans les détails, rappelle Al Ahdath Al Maghribia, son arrestation a été le fruit d’une opération menée conjointement par la police et la Douane espagnoles. Ont été également appréhendées, au cours de cette opération, 10 autre personnes, dont la femme du baron et plusieurs de ses fils et petits-fils.
La police a, également, saisi 180.000 euros en liquide, des bijoux d’une valeur de 200.000 euros, 15 véhicules, deux pistolets, ainsi que différents dispositifs de géolocalisation et appareils inhibiteurs de fréquence. Les enquêteurs ont procédé, en outre, à la saisie de biens immeubles d’une valeur de 7 millions d’euros et au blocage de plusieurs comptes bancaires d'un montat total de 2 millions d’euros.
Le journal rappelle que l’enquête qui a permis de mener cette opération antidrogue a été entamée en octobre 2016, suite à aux informations reçues sur un réseau de trafic de drogue actif dans la Costa del sol, réseau qui avait réussi à se doter d’une solide structure financière dans le blanchiment d’argent. Il utilisait également de grandes mesures de sécurité, grâce notamment à des dispositifs électroniques de dernière génération et à des communications cryptées.