Trafic de drogue: la vérité sur les «fantômes»

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Revue de presseKiosque360. Le prix de ces engins démarre à 80.000 euros, ils peuvent atteindre des vitesses telles quel les gardes-côtes marocains et espagnols sont incapables de les intercepter. Leur utilisation dans l’émigration n’est qu’un leurre pour détourner l’attention des forces de l’ordre.

Le 28/09/2018 à 19h39

Dans une petite ville du sud de l’Espagne, Linea, une grande bataille a récemment eu lieu entre les services de sécurité et les trafiquants de drogue. Cet affrontement s’est soldé par la saisie, par les forces de l’ordre, de dizaines d’embarcations rapides de toutes formes, des hors-bords nommés «Fantômes». L’opération s’est également soldée par la découverte dans plusieurs entrepôts de quantités importantes de drogue, cocaïne et cannabis notamment. C’était l’une des plus grosses opérations du genre qu’ait connue l’Espagne dernièrement, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans une longue enquête publiée dans son numéro du week-end des 29 et 30 septembre. 

Quelques semaines plus tard, ces «Fantômes», également connus sous le nom de «Go Fast», ont été utilisés pour transporter «gratuitement» des candidats à l’émigration clandestine. Toutefois, note le journal, ceux qui ont en conclu à une recrudescence de l’émigration clandestine au détriment de l’activité du trafic du drogue sont certainement dans le tort. Tout comme le transport des clandestins entre les deux côtes de la Méditerranée n’est pas tout à fait gratuit.

En effet, souligne le journal, les trafiquants étant à court de «main d’œuvre» en raison notamment des nombreuses arrestations parmi les membres de leurs réseaux et de la vigilance des forces de l’ordre, ils ont décidé de faire travailler les candidats à l’émigration dans le chargement et le déchargement de la drogue comme prix de la traversée. Les trafiquants s’en sortent d’ailleurs gagnants, puisque l’opération de décharge de la drogue, qui dure généralement à peine quatre minutes, leur coûte 3.000 euros pour de «vrais ouvriers». D’un autre côté, à travers ces opérations, les trafiquants tentent de détourner l’attention des forces de l’ordre sur la lutte contre l’émigration clandestine. Ceci n’est donc qu’une diversion, et pas une activité principale, qui leur permet de continuer leur business plus loin et en toute tranquillité.

D’après le journal, qui cite une enquête réalisée sur le sujet par une chaîne de télévision privée espagnole, la petite ville de Linea concentre le plus grand nombre de ces embarcations, mais également plusieurs réseaux de trafic de drogue. Ces «Go Fast» coûtent au moins 80.000 euros et sont si rapides que ni les garde-côtes espagnols ni leurs homologues marocains ne peuvent les intercepter. Ils sont pilotés par des conducteurs expérimentés, marocains et espagnols. D’après l’un d’entre eux, cité dans cette enquête, la traversée dure à peine une heure dans les deux sens et une seule cargaison transportée peut leur rapporter entre 30.000 et 50.000 euros.

La même source affirme que les côtes marocaines connaissent en moyenne entre cinq et sept départs par jour vers les côtes espagnoles. Cependant, cette activité devient plus laborieuse à mesure que les forces de l’ordre continuent à resserrer l’étau sur les réseaux de trafic de drogue.

Par Amyne Asmlal
Le 28/09/2018 à 19h39