Un organe ou des éléments composant l’appareil locomoteur ou musculo-squelettique non valorisés fonctionnellement, engendreront des restrictions et des limitations d’utilisation et donc vont entraver l'autonomie et l’indépendance, prévient le Dr Noureddine Oughiri Idrissi, spécialiste en Médecine physique et de réadaptation (MPR) à Casablanca.
Il rappelle que l’organisation mondiale de la santé (OMS) place la réadaptation comme un élément essentiel de la couverture sanitaire universelle, au même titre que la promotion de la santé, la prévention, les soins thérapeutiques et palliatifs.
La spécialité est officialisée par l’OMS au plan international en 1968. Les deux premiers Médecins MPR Marocains ont commencé à exercer au Maroc en 1978.
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Au Maroc, en 1994, la MPR est enfin reconnue comme Spécialité Médicale à part entière, et publiée au Bulletin Officiel N°4236 du 5 octobre 1994.
A travers le monde, la Médecine physique et de réadaptation (MPR) a pu faire ses preuves depuis plus de 90 ans.
En juin 2013, la Chine a organisé le 7e Congrès Mondial de médecine physique et de réadaptation (MPR). Depuis, elle s’est dotée de plateaux techniques et d’infrastructures modernes à des fins fonctionnels et de confort, afin de répondre à une demande forte et croissante de besoins en matière de soins et dont l’investissement est des plus économiques à court et long terme.
Le retour sur investissement est des plus rentables en matière d’économie de la santé, de «l’écologie humaine», de la prévention à grande échelle, vu le nombre d’habitants et le changement de mode de vie.
La Chine a environ 100.000 médecins physique et de réadaptation, alors que le Maroc n’en compte que 80, tous secteurs confondus (libéraux, universitaires et hospitaliers, militaires, détachés). Il y a environ 1 MPR pour 425.000 habitants.
Au même titre que les autres spécialités médicales ou chirurgicales, la MPR est au service des citoyens et de ses consultants pour une approche diagnostique, thérapeutique, pronostique et surtout spécifiquement fonctionnelle.
Il est habituel d’aborder la santé mentale, la santé au travail, la santé physique, la santé au sport, la santé esthétique… La santé fonctionnelle est souvent ignorée. Elle coiffe pourtant le tout, d’autant plus qu’un organe ou des éléments composant l’appareil locomoteur ou musculo-squelettique non valorisés fonctionnellement engendreraient des restrictions et limitations d’utilisation et donc entraveraient l’autonomie et l’indépendance, prévient le Dr Oudghiri.
Evaluation du scooring fonctionnelLe recouvrement de capacités fonctionnelles optimales est assujetti à une approche incluant d’office le volet thérapeutique de la réadaptation comme faisant partie intégrante dans l’initiation de tout parcours de soins. Particulièrement quand il s’agit de pathologies lourdes nécessitant certaines mesures préventives simples avec des objectifs réalisables (en réanimation ou en soins intensifs, chez les polytraumatisés, en cas d’affections rhumatologiques et neurologiques…).
Parmi les standards internationaux en matière d’évaluation, de suivi des parcours de soins et de protocoles thérapeutiques, il est traditionnel d’user de différents scores et échelles d’évaluations fonctionnelles et d’autonomie.
Ces échelles d’évaluations fonctionnelles revalorisées à différentes périodes du parcours de soins représentent un outil d’appréciation et de mesures qualitatives quant au confort et au bien-être global d’une personne en situation de limitation de participation.
Cela bien entendu, rapporté à l’environnement architectural et d’accessibilité correspondants ou contextuels.
La MPR contribue à prévenir beaucoup d’imprévus en facilitant la capitalisation fonctionnelle. Il se trouve qu’avec les avancées des investigations technologiques à visée diagnostique et thérapeutique, la domotique et la robotique facilitent l’approche des soins et des prises en charges de patients souffrant de différentes maladies aiguës ou chroniques et font qu’aujourd’hui le volet fonctionnel de la prise en charge des patients est devenu incontournable.
L’intervention rapide du MPR à la phase initiale ou aiguë dans un processus pathologique est essentielle car la santé fonctionnelle est également engagée.
Cela est d’autant plus légitime et primordial en cas d’accidents vasculaires cérébraux, de pathologies cérébrales, chez les blessés et les pathologies de la moelle épinière, la sclérose en plaques, les artériopathies oblitérantes, les myopathies, la poliomyélite, la maladie de Parkinson, la spondylarthrite ankylosante et autres rhumatismes chroniques, la polyarthrite rhumatoïde, les scolioses et troubles statiques, les souffrances néonatales, les brûlures profondes et étendues, les amputations de membres et toutes autres situations susceptibles de dégradations fonctionnelles.
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Le médecin physique et de réadaptation intervient à chaque fois que le pronostic fonctionnel est engagé et ce, même dans les hôpitaux et les cliniques, au même titre que l’anesthésiste-réanimateur, le chirurgien et l’urgentiste, tant le pronostic vital est engagé.
La MPR a pu se distinguer aussi par son approche des soins concernant toutes les maladies ou situations de handicaps qui nécessitent des prises en charge en rééducation fonctionnelle, en coordination avec les auxiliaires de la santé comme les kinésithérapeutes, les ergothérapeutes, les psychologues, les psychomotriciens, les orthophonistes, les orthoprothésistes et les podologues, les moniteurs de sport spécialisés, les aidants à domicile, ou autres, dont les zoothérapeutes… Dans ce sens, des référentiels de soins existent.
Pour conclure, plus le médecin physique et de réadaptation (MPR) interviendra tôt et agira de manière préventive, meilleure sera la récupération fonctionnelle.
*Le Dr Anwar Cherkaoui est médecin. Lauréat du cycle supérieur de l'Iscae, il a été, trente années durant, le responsable de la communication médicale du CHU Ibn Sina de Rabat.