TSA: le Collectif autisme Maroc liste les prérequis d’une véritable politique d’inclusion

Une enfant avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA) et une éducatrice dans un centre d'éducation spécialisé. (Photo d'illustration/Umma Charity)

À l’occasion de la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, célébrée le mercredi 2 avril, le Collectif autisme Maroc (CAM) tire la sonnette d’alarme sur les obstacles persistants auxquels font face les personnes avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA) et leurs familles.

Le 02/04/2025 à 09h45

Depuis son instauration en 2007 par l’Assemblée générale des Nations unies, la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, célébrée le 2 avril, a évolué d’une simple campagne d’information à un mouvement global d’acceptation et d’inclusion. Cette année, le thème retenu, «Promouvoir la neurodiversité et les objectifs de développement durable», résonne particulièrement au Maroc, où les personnes avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA) peinent encore à faire valoir pleinement leurs droits.

Dans un communiqué, le Collectif autisme Maroc (CAM) salue cette thématique, qui consacre la neurodiversité «comme une richesse à valoriser et non comme un handicap à compenser», et liste des axes clés permettant d’assurer une inclusion effective des personnes avec TSA: accès équitable aux soins, éducation inclusive, intégration professionnelle et conception d’environnements accessibles.

De nombreuses difficultés

Toutefois, au-delà des discours, la réalité quotidienne des familles concernées reste marquée par de nombreuses difficultés identifiées par le CAM. La première réside dans les inégalités d’accès au diagnostic précoce -particulièrement en milieu rural, où les structures spécialisées sont rares-, retardant ainsi l’éventuelle prise en charge des enfants et compliquant leur développement.

L’accessibilité financière d’une prise en charge spécialisée est un autre problème majeur. Le coût élevé des thérapies et des suivis médicaux pèse en effet lourdement sur le budget des familles, qui n’ont d’autre choix que de se tourner vers des solutions privées onéreuses.

Autre écueil relevé par le CAM: le manque de données précises sur les personnes autistes dans les politiques nationales. Car sans statistiques fiables, il est difficile de mettre en place des programmes adaptés aux besoins réels de cette population. Enfin, l’absence de politiques intégrées pour l’emploi et l’autonomie des adultes autistes compromet leur inclusion sociale et professionnelle. En effet, peu d’entreprises sont sensibilisées à cette réalité, limitant d’autant les opportunités pour ces personnes.

Face à ces constats, le CAM appelle à une mobilisation accrue des pouvoirs publics et de la société civile, et insiste sur la nécessité de renforcer les politiques publiques en faveur des personnes avec TSA pour les aligner avec les Objectifs de développement durable (ODD) et les droits de l’Homme tels qu’énoncés par l’ONU.

Le collectif plaide également pour une meilleure implication des personnes concernées et de leurs familles dans l’élaboration des stratégies nationales, essentielle pour concevoir des politiques adaptées à leurs réalités et besoins spécifiques.

Par ailleurs, un soutien financier et humain accru est indispensable pour améliorer la qualité des services offerts aux personnes autistes. Cela inclut la mise en place de centres spécialisés accessibles, ainsi qu’un accompagnement renforcé pour les familles.

La formation des professionnels de la santé, de l’éducation et du travail social doit aussi être une priorité. La diffusion d’une culture inclusive dans tous les secteurs favoriserait une meilleure prise en charge et une intégration plus fluide des personnes autistes dans la société. Les familles, elles, sont souvent les premières à faire face aux difficultés liées à l’autisme et ont besoin d’un soutien structuré pour éviter l’isolement et la stigmatisation.

La montée en puissance de l’autoreprésentation des jeunes avec TSA au Maroc constitue un signal encourageant. Ils sont de plus en plus nombreux à participer à la défense de leurs droits, contribuant ainsi à faire entendre leur voix au sein de la société. Et alors que cette Journée mondiale rappelle l’urgence d’une meilleure inclusion, la question demeure: le Maroc est-il prêt à faire de la neurodiversité une véritable force pour son développement humain?

Par Majda Benthami
Le 02/04/2025 à 09h45

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