C’est un véritable séisme qui secoue ces derniers jours le corps de la Guardia Civil. Sur la foi d’un communiqué du Parquet général, la presse espagnole rapporte qu’un juge du Tribunal de Cordoue a ordonné l’ouverture d’une enquête sur les liens de complicité entre un capitaine de la police et des mafiosis marocains et espagnols. L’information figure sur la Une du quotidien Al Ahdath Al Maghribia sous le titre «Un responsable sécuritaire espagnol, membre dans un réseau marocain de drogue».
Démantelé le 18 novembre 2014, ce réseau était dirigé par un Marocain dénommé Raïss, et David, un Espagnol, connu sous le nom de Ghanda. Mis sous surveillance, les cerveaux de cette mafia ont évoqué, lors d’une conversation le 15 novembre dernier, avec l'un de leurs acolytes prénommé Rachid, une personne désignée par El Padre (le père en espagnol), indique Al Ahdath Al Maghribia. Après l’arrestation des membres de cette grande mafia, le juge d’instruction a entendu séparément les deux cerveaux de la bande. Tous les deux ont évoqué le nom et le grade du responsable espagnol avec qui ils coordonnaient leurs opérations de trafic de drogue. Bien que David et Raïss aient été séparés durant les interrogatoires, la version du dernier concorde en tous points avec celle de son acolyte.
120" bâtons" par opération
Capitaine dans les rangs de la Guardia Civil, le policier a commencé à aider les mafieux dans leur trafic en 2005. A ses débuts, le capitaine a facilité le transport par voie maritime de six tonnes de drogue vers l’Espagne en contrepartie de 120.000 euros par opération, écrit Al Ahdath Al Maghribia. Entre 2005 et 2006, il facilitera trois grandes opérations, ce qui lui rapportera 360.000 euros, soit 3,6 MDH. Son rôle ne se cantonnait pas à faciliter le trafic de drogue, mais aussi à remonter des informations de première main vers ses commanditaires. «Le plus choquant dans les déclarations des dirigeants de ce réseau, arrêtés le 18 novembre dernier, est que le concerné leur assurait la protection pour vendre et transporter leur marchandise en Espagne», souligne le quotidien.
Les investigations des policiers espagnols et les conclusions du juge d’instruction l’ont poussé à auditionner les prévenus plusieurs fois et à essayer de les confondre. Il est vite apparu que le capitaine était de mèche avec cette mafia. Sa complicité était occasionnelle et discontinue. L’un des membres de ce réseau a même déclaré que le capitaine leur fournissait des informations sur des endroits où est entreposée la drogue saisie par la Guardia Civil afin qu’ils la volent et l’écoulent sur le marché. En contrepartie, le policier recevait des sommes importantes d’argent.
La décision de convoquer le capitaine est dès lors, devenue effective. Ce dernier s’est empressé de nier les faits, arguant qu’il n’était que simple capitaine. Si le juge d’un tribunal a décidé de l’auditionner c’est que les présomptions de culpabilité sont sérieuses. Affaire à suivre.