Ne bronze pas et ne taquine pas les vagues qui veut au Maroc, surtout quand on se déplace en fauteuil roulant ou à l’aide de béquilles. Assabah, dans son édition de ce mardi 17 juillet, a eu le mérite de soulever le problème de l’accessibilité aux plages pour un million de Marocains.
A travers l’histoire de Souad, jeune femme obligée d’utiliser un fauteuil roulant pour se déplacer, le journaliste d’Assabah restitue le calvaire de ces millions de nos concitoyens pour qui la plage reste souvent un rêve inaccessible. Souad a voulu avoir droit à un peu de fraîcheur par ces temps où le mercure atteint des limites insupportables. Comme beaucoup de Casablancais, elle a décidé de mettre le cap sur la plage Chahdiya.
Une fois sur place, relate Assabah, elle a été surprise de voir que tous les regards étaient braqués sur elle: des regards de désolation puisqu’il est impossible pour les handicapés d’atteindre les vagues. Des gardiens se sont portés volontaires pour la porter, elle et son fauteuil roulant, près des autres estivants «normaux». Et un maître-nageur a proposé de l’aider, mais, gênée, elle s’est gentiment excusée.
Au moment de quitter la plage, même calvaire. En pire. Ceux qui avaient pris sur eux de porter Souad et son fauteuil roulant ont manqué, à maintes reprises, de tomber et de faire tomber la jeune femme avec eux. Selon Assabah, cette petite histoire résume le calvaire de plusieurs centaines de milliers de Marocains privés de côtes parce que, ni les autorités, ni les élus, n’ont jugé que cette composante de notre société a aussi le droit de profiter des plages.
Youssef Arkhiss, président d’une ONG d’handicapés, accuse autorités et élus de manquer de volonté pour remédier à ce problème alors que des solutions, peu onéreuses, existent. C’est, à l’en croire, le cas de passages en bois sur le sable qui pourraient permettre aussi bien aux usagers des fauteuils roulants qu’à ceux qui marchent avec des béquilles d’accéder aux plages. Comme n’importe quel citoyen ayant toutes ses capacités physiques.