Un mort et une victime dans le coma dans une filiale du groupe Tazi

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Une fuite de gaz survenue dans un chauffe-eau à l’usine de fabrication d’articles en matières plastiques, SIMEC, a tué un ouvrier et asphyxié un autre évacué dans un état comateux à l’hôpital Mohammed V, à Casablanca. Une poursuite pour homicide involontaire est envisageable, selon un avocat.

Le 28/06/2015 à 10h47

Le drame est survenu un day-off (samedi 28 juin), deux heures à peine avant la rupture du jeûne. Une fuite de gaz à l’usine SIMEC, filiale du groupe Tazi, à Casablanca, a coûté la vie à un ouvrier, mort asphyxié, alors qu’un deuxième a été évacué dans un état critique vers l’hôpital Mohammed V, à Casablanca, où il a été admis en soins intensifs. Le défunt, A.I, 56 ans, père de famille, avait envisagé avec son compagnon, M.B, de prendre une douche à la SIMEC avant de regagner le domicile familial pour rompre le jeûne, après une journée de labeur.

Seulement voilà, une malencontreuse fuite de gaz dans le chauffe-eau, vraisemblablement de marque chinoise, en a décidé autrement. La première victime est morte asphyxiée sur le coup, alors que la deuxième, entre la vie et la mort, a été transportée d’urgence vers l’hôpital Mohammed V, à Casablanca.

Cet accident tragique vient remettre sur le tapis la problématique des dysfonctionnements du dispositif de sécurité dans les usines en général, et en particulier la SIMEC qui est spécialisée dans la fabrication d’articles en matières plastiques, avec ce que cela comporte en termes de dangers pour la sécurité des ouvriers.

Contacté par LE360, Me Saïd Bachiri, avocat au barreau de Rabat, a d’abord attiré l’attention sur « la surexploitation » dont auraient fait l’objet les victimes, sachant que «ce qui leur est arrivé s’est produit à une heure où ils devaient normalement se trouver à leur domicile». Le travail pendant ce mois sacré du Ramadan est censé se terminer «au plus tard à 16 heures» ! Si l’on tient compte du fait que l’accident est survenu un samedi, un jour off pour les salariés, la responsabilité du patronat dans cet accident en devient plus criante. « Malheureusement, cette surexploitation se poursuit en infraction de la loi (Code du travail) et au mépris de l'éthique, à plus forte raison dans un mois où les valeurs de clémence doivent prévaloir », regrette Me Saïd Bachiri.

Cet accident met à nu - une fois encore - les contradictions du flamboyant porte-parole du groupe Tazi et le très médiatique Karim Tazi, patron du groupe Richbond, qui n’en rate pas une pour faire de l’autocongratulation en se présentant en tant qu’entrepreneur «citoyen». Une profession de foi que vient démentir cette fuite de gaz déplorable, qui a endeuillé une famille entière et causé un drame pour la famille d’une autre victime dont les jours sont toujours en danger. « Que faisaient, alors, ces deux pauvres ouvriers à une heure tardive d’une journée qui plus est non-ouvrable et au mois de Ramadan ? », s’interroge Me Saïdi Bachiri. Comment se fait-il que l’un des groupes autoproclamés respectueux des normes de sécurité soit équipé de chauffe-eaux, bas de gamme, qui mélangent l’eau et le gaz, mettant ainsi en péril la vie des ouvriers?

C’est l’ambulance qui se moque de la charité, quand on sait que la figure de proue de ce groupe veut s’ériger en donneur de leçons en matière de respect des droits des hommes. Charité bien ordonnée commence par soi-même …

Par Ziad Alami
Le 28/06/2015 à 10h47