A lui seul, Ba Brahim est l’incarnation tant des petits miracles qui se sont produits lors du séisme que de cette résilience, teintée d’une bonne dose d’humour, des Marrakchis en particulier et des Marocains en général. Portrait du roi Mohammed VI fièrement affiché, il nous raconte comment, contrairement à ses habitudes, il était rentré relativement tôt ce fameux soir du vendredi 8 septembre. Il était alors 21h30.
«Après le dîner, je suis tout de suite monté faire ma dernière prière du soir et me coucher. Et c’est là que la terre s’est mise à trembler. A peine le temps de me rendre compte de ce qui se passait, je me suis retrouvé enseveli sous les décombre de ma maison, à peine capable de respirer», nous relate Ba Brahim. «Ma seule joie à ce moment-là, c’est que je me suis rappelé la Shahada (la profession de foi essentielle de l’islam, dont elle constitue le premier des cinq piliers qui définissent les fondements de la croyance musulmane, NDLR). J’attendais juste le moment où j’allais être rappelé à Dieu», ajoute-t-il.
Sous les décombres, le temps avait tout d’une éternité. «J’étais plongé dans mes pensées quand j’ai entendu une de mes nièces s’écrier: “Ba Brahim est mort, Ba Brahim est mort et je ne le vois pas”», nous raconte l’intéressé. «C’est là où, à mon tour, je me suis mis à crier: “Non, Ba Brahim n’est pas mort. Ba Brahim est là, toujours en vie. Tais-toi et aide-moi au lieu de pleurnicher. Appelez les voisins, les secours…”», ajoute-t-il, non sans humour.
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Ba Brahim doit la vie sauve à trois de ses enfants et à des voisins qui sont venus en courant et ont mis deux heures à le sortir des décombres. Il s’est retrouvé avec un bras cassé, ce qui a nécessité son transfert au CHU de Marrakech. «C’est là où j’ai réalisé l’ampleur de la catastrophe. Ma blessure n’était rien devant celles de toutes les personnes qui avaient été admises ce soir-là. Remis sur pied, et avec soixante dirhams en poche, j’ai vite quitté l’hôpital et pris un taxi pour rentrer chez moi. Une chose est sûre: je ne souhaite à personne de revivre le cauchemar que nous avons tous vécu ce vendredi», explique-t-il.