Le milieu des droits de l’Homme au Maroc vient d’être éclaboussé à son tour par un scandale de harcèlement sexuel. Les deux institutions de protection des droits de l’Homme, la Délégation interministérielle et le CNDH sont ainsi impliquées directement dans ce genre d'affaires qui concernait jusque-là uniquement le milieu universitaire. D’après le quotidien Assabah, qui rapporte l’information dans son numéro du jeudi 10 février, il s’agit d’un ancien haut fonctionnaire de la Délégation interministérielle aux droits de l’Homme, actuellement cadre supérieur du CNDH. Concrètement, ce sont quatre fonctionnaires de la délégation interministérielle qui ont porté plainte pour harcèlement sexuel contre un haut responsable de la division des affaires administratives et financières. Les faits remontent à une année, époque à laquelle ledit fonctionnaire a d’ailleurs quitté cette institution. Dans un communiqué repris par Assabah, la DIDH affirme avoir effectivement transmis au Parquet le dossier relatif à cette affaire. La Délégation précise avoir reçu, dans un premier temps, une plainte de quatre de ses fonctionnaires qui ont accusé un de leurs supérieurs de harcèlement sexuel. Une enquête administrative a été immédiatement ouverte. Cela remonte à fin 2020. Entre-temps, le fonctionnaire en question a quitté la DIDH. Etant ainsi incapable de suivre l’enquête interne, la Délégation s’est excusée auprès plaignantes pour ce qui leur est arrivé dans ses locaux. Elle a par la suite saisi le Parquet auquel elle a transmis tous les éléments du dossier. Quant au mis en cause, en quittant la DIDH, il réussit à intégrer une autre organisation des droits de l’Homme, le CNDH. Citant cette fois un activiste marocain des droits de l’Homme installé en France, le quotidien précise que l’ancien fonctionnaire a rejoint le CNDH, en juillet 2021, dans le cadre d’une opération de réorganisation de ses services administratifs et financiers. Dès que cette affaire a éclaté, poursuit Assabah, le CNDH a annoncé de son côté son intention d’ouvrir sa propre enquête. Le Conseil a d’ailleurs précisé qu’étant en principe foncièrement contre l’impunité, dans tous les cas, il va prendre les mesures qui s’imposent. En évoquant justement le CNDH, le quotidien rappelle, par ailleurs, que ce dernier a présenté, à travers sa commission régionale, une demande d’observation lors des audiences du procès dans lequel des enseignants poursuivis pour harcèlement sexuel à Settat. La demande a été rejetée par le tribunal. Une partie de la défense des enseignants, précise le quotidien, a refusé la présence de la Commission régionale des droits de l'Homme Casablanca-Settat comme observatrice de l'audience tenue à huis clos. La demande, rappelle Assabah, fait suite à une requête formulée par la défense de la partie civile lors de l'audience du 31 janvier dernier.