Beaucoup d'encre avait coulé, il y a trois ans, sur cette affaire d'acquisition frauduleuse de lots de terrains et de construction illégale dans le cadre du projet dit "Val d'or", près de Harhoura, une station balnéaire au sud de Rabat. Karim Ghellab avait été cité dans cette affaire et s’était défendu d’avoir triché pour s'approprier ce terrain figurant dans un lotissement viabilisé où les vagues de la mer viennent toujours mourir. Le projet en question, morcelé dans une zone maritime, avait été stoppé il y trois ans, après les révélations de la presse. Mais il vient de redémarrer comme si de rien n'avait jamais été.
Dans sa version de ce jeudi 11 août, Akhbar Al Youm évoque, parmi d’autres, ce projet de Harhoura dans un long article dédié à un "rapport de l'Inspection générale des finances" dont il détient "l'exclusivité". Un document qualifié de "dangereux".
Si l'on croit ce journal, des magistrats de la Cour des comptes s'apprêtent à rendre des conclusions sérieuses et fermes, notamment sur la base de ce rapport de l'inspection générale des finances. Outre le projet Val d'or, un second projet douteux a été, selon le journal, identifié à Casablanca: le projet de "Sidi Abderrahmane".
"Ghellab et d'autres hauts responsables, cadres et agents d'autorité ont bénéficié de facilités pour s'approprier des lots de villas de luxe à Sidi Abderrahmane, au détriment de petits fonctionnaires relevant du département du Transport et de l'équipement. Ces acquisitions contestées ont été réalisées dans les années 1990 à travers une association des œuvres sociales du ministère du Transport et de l'équipement", rapporte le quotidien. Le journal publie ainsi un fac simili de la liste "des affectations" et des "bénéficiaires" dans le cadre du projet de Sidi Abderramane, l’association ayant été utilisée comme écran pour distribuer les parts du gâteau. Des personnalités qui ne remplissaient pas les conditions d'attributions, au vu de leur haut salaire et des avantages importants dont ils jouissent, ont quand même pu bénéficier de trois projets dans lesquels Karim Ghellab est impliqué. Celui-ci est propriétaire d'un lot dans le quartier Ryad à Rabat, d’un second à Sidi Abderrahmane et d’un troisième à "Val d'or". Les lots de Sidi Abderrahmane ont été distribués moyennant un prix défiant toute concurrence. A l'époque, un lot était cédé à seulement 1.200 dirhams le mètre carré, alors que son prix réel est actuellement de 10.000 dirhams le mètre carré, selon Akhbar Al Youm.
Parmi les principaux bénéficiaires, "figurent aussi un ancien ministre du Transport et le patron de l'ONCF", précise le journal.
A part quelques citations, pour la plupart anonymes, l'article souffre de l'absence de réactions des personnes nommées. Le360 a tenté, pour sa part, de joindre Karim Ghellab, sans succès. La publication des extraits de ce rapport, qui est entre les mains de la justice depuis plusieurs mois, intervient dans un contexte particulier, celui des élections...