Au moment où plusieurs candidats à l’immigration attendaient le «zodiac fantôme des pauvres» pour traverser la méditerranée, une course poursuite avait lieu au large des côtes marocaines. En effet, des éléments de la Marine royale pourchassaient une embarcation très puissante qui transportait des migrants vers l’autre rive. Une «bataille» qui dure depuis plusieurs jours et qui a mobilisé plusieurs unités de la marine marocaine, pour mettre fin à un regain de l’immigration en masse. La dernière confrontation a eu lieu dans le nuit de samedi et tout au long de la journée de dimanche, près de la plage de Martil et Fnideq. Mardi dernier, une unité de combat de la Marine royale a surpris une embarcation suspecte dans les eaux territoriales marocaines. Les occupants de ce «Go fast» très rapide ont refusé d’obtempérer, ce qui a obligé la Marine royale à procéder à des tirs de sommation. Mais le pilote espagnol du zodiac n’en a eu cure et a mis les gaz pour prendre la fuite et essayer de rejoindre les plages longeant la ville du préside occupé de Sebta.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du jeudi 27 septembre, que la préfecture de Mdiq-Fnideq a publié un communiqué dans lequel elle relate les détails de cet incident: «Une unité de combat de la Marine royale a été contrainte, mardi dernier, de tirer sur un zodiac «Go Fast» suspect, conduit par un citoyen espagnol qui a refusé d’obtempérer après plusieurs tirs d’avertissement. Au cours de cette opération, une jeune fille de 21 ans a trouvé la mort et quatre occupants ont été blessés plus ou moins gravement. Ils furent transportés d’urgence, en compagnie du pilote espagnol, à l’hôpital de Fnideq pour y recevoir les soins nécessaires.» Ils sont tous originaires de Tétouan, y compris la jeune fille décédée qui poursuivait ses études à la faculté de droit de la Colombe blanche. Parmi les blessés se trouvent N. Habib, employé dans une société, qui fut transporté d’urgence à Rabat, Hamza B. et un troisième homme qui travaille dans un chantier de construction.
Contrairement à ce qui a été publié sur les réseaux sociaux quant à l’existence d’un zodiac qui transportait gratuitement les immigrés, celui de l’Espagnol est plutôt considéré comme un cinq étoiles exigeant 50.000 dirhams pour la traversée. La rumeur concernant un faux «zodiac des pauvres» a poussé plusieurs jeunes, en provenance de plusieurs villes du Maroc, à rejoindre les plages de Fnideq et Martil. Face à la grande affluence des jeunes candidats à l’immigration, la Marine royale a déployé un grand dispositif de surveillance tout au long des côtes du Nord pour intercepter d’éventuelles embarcations clandestines. En parallèle, les autorités locales de Tétouan ont procédé à une grande opération de déplacement de près de 500 jeunes et mineurs vers leurs villes d’origine.
Le quotidien Assabah a, de son côté, traité le même sujet dans son édition du jeudi 27 septembre. En plus des détails de l’interception de l’embarcation par la Marine royale, le journal casablancais relate l’arrestation du zodiac dit des «pauvres» par la Guardia civil espagnole, ainsi que la réaction des parlementaires face à cette «grande évasion». Lors d’une réunion de la commission de l’enseignement, de la culture et de la communication, le parti de l’Istiqlal a fustigé le gouvernement et l’a rendu responsable de cette vague d’immigration clandestine: «Le Maroc vit une situation politique et sociale exceptionnelle caractérisée par la chute vertigineuse de confiance envers le gouvernement d'une grande majorité de la population, notamment en ce qui concerne sa capacité d’améliorer les conditions de vie des citoyens et de réduire les inégalités sociales.»
Abdelmadjid Fassi, membre du groupe parlementaire du PI à la Chambre des représentants, considère que le manque de confiance des jeunes dans le gouvernement les pousse à opter, en force, pour l’immigration clandestine. D’autres intervenants ont expliqué que le désespoir qui s'est emparé des jeunes marocains est dû à l’échec du modèle de développement, notamment en matière de création d'emploi. En effet, Seuls 86.000 emplois ont été créés cette année, alors que le Maroc compte 1.200.000 chômeurs, pour la plupart victimes de l’échec du système d’enseignement.
Cette soudaine vague d’immigration a touché le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, qui a été interpellé par la députée (PAM) Fatima Essaadi qui lui a demandé, dans une question écrite, ce qu’il comptait faire pour arrêter cette hémorragie des «jeunes désespérés».