«Inimaginable, atroce et ignoble». Les propos sont de Mohamed Zerhani, l’un des résidents de la plage Assanaoubar, plus communément nommée plage David à Mansouria, une localité balnéaire à 50 km au sud de Rabat, située entre les villes de Mohammédia et Bouznika.
Le samedi 2 mai dernier, Mohamed Zerhani entend des bruits étranges et se dirige vers les lieux où le drame se déroule. «J’entendais des os des moutons se briser et je ne pouvais rien faire, sinon sortir mon téléphone pour filmer», témoigne-t-il.
A ce moment précis, Michel S., un résident étranger au Maroc, pizzaïolo de sa profession au Club des Pins (le club des résidents de la plage Assanaoubar, ou David), est en train d'écraser plusieurs bêtes, au volant de son véhicule utilitaire. Les moutons paissaient sur un lot de terrain qui lui appartiendrait. Toujours à bord de son véhicule, il s'est ensuite dirigé vers Aymane, un adolescent âgé de 14 ans, qui gardait les pauvres bêtes. Depuis son véhicule, Michel S. a menacé Aymane de lui faire subir le même sort que les bêtes qu'il venait d'écraser sans pitié, sous les pneus de sa voiture. Autrement dit, il a proféré des menace de mort à l’encontre de ce mineur. Il a crié : «casse-toi parce que tu vas faire comme les moutons!».
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En fait, Aymane E. n’est pas berger de sa profession, mais il l'était à titre exceptionnel ce jour-là, car le berger en charge du troupeau de sa famille ne pouvait remplir sa mission.
Hassan E., le père d'Aymane, confie qu’il avait demandé à son fils, scolarisé dans un établissement du cycle de l'enseignement traditionnel à Salé, d’aller jeter un coup d’oeil aux bêtes. La tragédie, orchestrée par Michel S. au volant de son véhicule, a suivi.
La famille d'Aymane a porté plainte auprès du parquet du tribunal de première instance de Benslimane. Michel S. a été arrêté, et une enquête suit actuellement son cours.
Michel S. risque gros. L'acte barbare qu'il a perpétré tombe en effet sous le coup de la loi, dont celui de l'article 106 du Code pénal qui réprime les mauvais traitements envers les animaux, ainsi que d’autres articles de loi, qui sanctionnent les actes de violence en présence de mineurs, comme l’explique Me Youssef Gharib, avocat au barreau de Casablanca qui défend la partie plaignante, les membres de la famille E.
«Nous faisons confiance à la justice et j’ai chargé un vétérinaire d’évaluer les dégâts», déclare Hassan E., père d'Aymane.
Quant à Aymane, il est actuellement en train de se remettre du traumatisme qu'il a subi, après avoir assisté au carnage du troupeau de moutons appartenant à sa famille, sous les pneus de la voiture de Michel S., et des menaces de mort qu'il a proférées à son encontre.