Douar Blane. Dans cette petite commune rurale relevant de la province de Fkih Ben Saleh, située à 40 km de Béni Mellal, les oliviers s'étendent à perte de vue sous une chaleur accablante et le temps semble suspendu.
C’est quelque part entre ces interminables plantations d'oliviers que Khadija, 17 ans, a été prise de force, violée et torturée par un gang de quatorze garçons. C’est ici qu’elle a subi les pires sévices pendant deux longs mois sans que personne entende ses cris de détresse. Bienvenue dans l'khla.
C’était pourtant non loin de chez elle… Quelques kilomètres plus loin, se trouve le douar Oulad Ayad, là où Khadija vit avec ses parents et ses deux frères et sœurs. La demeure est misérable. Elle nous accueille dans le "salon".
De dos, la jeune fille nous raconte son calvaire. Tout a commencé au ramadan dernier, lorsqu’elle est partie chez sa tante au douar Blane pour passer du temps avec sa cousine. Quelques jours plus tard, Khadija sort près de la maison et se fait prendre par deux jeunes hommes en moto sous la menace d’une arme blanche.
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L’adolescente est enlevée et emmenée de force dans une plantation d’oliviers, forcèment déserte. Elle est séquestrée par ses ravisseurs, âgés entre 20 et 30 ans et utilisée comme appât.
Ils la frappent, la droguent, la violent, lui brûlent la peau avec des mégots de cigarettes et la marquent contre son gré sur les jambes, les bras et la nuque: des dessins qui ressemblent à tout et à rien: des silhouettes, des écritures, des symboles... et même une croix gammée.
Toutes ces séances de torture sont orchestrées par le cerveau de la bande, Redouane. Celui-ci vend le corps de Khadija aux hommes. Il la donne de force à chacun d’entre eux et reçoit de l’argent ou de la drogue en échange.
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Khadija tente plusieurs fois de fuir, en vain. Ses tortionnaires la rattrapent à chaque fois qu’elle tente d’échapper et lui font regretter son geste. Un jour, elle réussit à convaincre ses bourreaux d’appeler son père et de la lui remettre. Ce dernier devait leur promettre de ne pas les dénoncer à la police.
C’est ce qui a été fait dans un premier temps, avant que Khadija ne décide par elle-même d’aller voir les autorités et porter plainte, maintenant qu’elle est libérée de ce cauchemar. Neuf des bourreaux ont été arrêtés et placés en garde à vue. Ils seront déférés, ce 6 septembre devant le tribunal de Béni Mellal. En attendant, les recherches se poursuivent pour arrêter les autres criminels. Et cela ne saurait tarder.
Comment garder foi en l’humanité après avoir vécu de telles horreurs? Khaoula semble pourtant tenir debout. Depuis qu’elle a retrouvé les siens, elle a retrouvé l’espoir d’un nouveau départ… La jeune fille espère être prise en charge par un professionnel pour effacer ses tatouages et les souvenirs qui les accompagnent… Et pouvoir enfin reprendre ses études et pourquoi pas, devenir... journaliste.