Sur les 441.000 candidats au bac qui ont rejoint les salles d’examens ce vendredi 3 juillet, ils sont environ 870 à passer les épreuves derrière les barreaux. 29 de ces candidats particuliers sont des filles.
Le ministre de l'Éducation nationale, Saaïd Amzazi, qui s'était déplacé ce matin à la prison d’Aïn Sebaâ a souligné le caractère exceptionnel de la situation du fait de la pandémie. «Cette édition est particulière et exceptionnelle. Nous ne pouvons que nous réjouir des conditions sanitaires dans lesquelles se passe l’épreuve. Il faut savoir que cette institution pénitentiaire abrite un véritable système scolaire, plus de 113 détenus bénéficient d’un accompagnement scolaire pour les niveaux primaire, collège et lycée. Il y a également des détenus inscrits en licence, master et même en doctorat, je souhaite donc plein succès aux détenus qui passent le bac aujourd’hui pour qu’ils puissent poursuivre leurs études par la suite», a-t-il déclaré.
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Le nombre de centres d’examens pénitenciers est passé de 15 en 2019, à 48 pour l'édition 2020 du baccalauréat.
«L’augmentation du nombre de centres d’examens a permis le respect des mesures sanitaires, car nous ne devons pas dépasser 10 candidats par salle. Elle a permis aussi de limiter les opérations de transfert de détenus d’un centre à un autre», indique Moulay Driss Aguelmam, directeur de l’Action socioculturelle et de la réinsertion des détenus au sein de la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR).
Plus de 90 détenus planchent actuellement sur les sujets du baccalauréat au sein de la prison locale d’Aïn Sebaâ. Ce matin, c’était au tour des filières sciences humaines et littérature de passer l'épreuve. Nous avons recueilli les impressions de deux candidats détenus à la sortie des salles d’examens.
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«Les conditions sont bonnes, nous n’avons pas l’impression d’être en prison, c’est comme à l’extérieur. Les mesures de distanciation sont respectées, nous avons reçu des masques et des visières et chacun a son stylo. L’épreuve de ce matin n’était pas très difficile, j’espère décrocher mon bac en gage de bonne conduite et poursuivre mes études quand je sortirai de prison», indique Marouane, 19 ans, en attente de jugement depuis 5 mois et qui ambitionne de devenir avocat.
«Je voudrais remercier l’ensemble des personnes qui se sont mobilisées pour l’organisation de cette édition. Les révisions se sont bien passées. Je suis en sciences humaines, j’espère décrocher mon bac pour poursuivre mes études et éviter les problèmes. Il me reste 4 mois de prison et j’aimerais faire du droit quand je ressortirai avec mon bac en poche», confie Najmeddine, en prison pour vol.
Les deux jeunes détenus ont aussi déclaré avoir tiré leçon de leur incarcération et voient le baccalauréat comme un espoir, un moyen de rompre avec leur passé et d’envisager un futur au sein de la société.