Le docteur Jaâfar Heikel, professeur de médecine et spécialiste en épidémiologie, directeur et principal actionnaire de la clinique privée De Vinci à Casablanca, a répondu à l’appel de la Direction régionale pour la région de Casablanca-Settat, sous la tutelle du ministère de la Santé, et a décidé de mettre à la disposition de l’Etat une clinique privée.
En quelques jours seulement, l’ensemble des services spécialisés de cette clinique pluridisciplinaire, ont été transformés pour accueillir et soigner les patients contaminés par le Covid-19.
Pourtant connu pour sa grande discrétion, le professeur Heikel s’est retrouvé bien malgré lui sous le feu des projecteurs quand le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb a dépêché, en pleine lutte contre la pandémie, une escouade de bureaucrates depuis Rabat, afin de mener un audit des comptes de cette clinique qu’il dirige.
Le professeur Jaâfar Heikel n’entend pas parler de cet épisode, mais au son de sa voix, il est évident que ses équipes et lui-même ont vécu cette action comme une injustice.
D’ailleurs, le professeur Jaâfar Heikel ne tarit pas d’éloges sur l’engagement dont font preuve l’ensemble des équipes médicales de la clinique De Vinci, ainsi que le dévouement de tout le personnel de cet établissement hospitalier. Et c’est vers eux qu’il a voulu, au cours de ce reportage, orienter notre caméra.
«Avant le Covid-19, je travaillais dans mon cabinet privé, mais aux alentours du 19 mars, j’ai rencontré le professeur Jaâfar Heikel et on a décidé de se porter volontaires dans la lutte contre la pandémie. Nous avons libéré deux étages de la clinique et le travail a commencé en collaboration avec la délégation médicale de Casablanca. La clinique a été placée au service de la Direction régionale de la Santé pour Casablanca-Settat», explique la Dr Majida Zahraoui, professeur de médecine, spécialisée en médecine interne, et infectiologue.
Huit médecins, tous bénévoles, sont présents en permanence dans la clinique De Vinci et s’occupent des patients qui y sont hospitalisés. Ils sont accompagnés d’une équipe de quinze infirmières. Les agents en charge du maintien de la propreté des lieux, tout comme l’ensemble des salariés de l’administration de cette clinique sont eux aussi mobilisés dans la lutte contre le coronavirus.
«Je rentre, je fais le ménage dans les chambres et je ressors rapidement. Je prends mes précautions d’ailleurs, je ne rentre plus chez moi, je passe la nuit à la clinique», explique Amal, en charge du ménage dans les chambres des patients.
Les médecins traitants, et l’ensemble des salariés de cette clinique ont eux aussi décidé de rester dans cet établissement et de ne pas rentrer à leur domicile, souligne avec émotion le Professeur Jaâfar Heikel.
Le protocole de soins administré aux patients est celui que recommande le ministère de la Santé, à base de chloroquine et d’azithromycine.
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«La première étape, quand on reçoit un patient positif, nécessite un bilan biologique complet et un examen de pronostic qui sont très importants pour adapter le traitement ainsi qu’un électrocardiogramme, primordial pour le traitement à la chloroquine. Une fois la phase virale passée et en fonction des bilans, le médecin décide d’administrer des corticoïdes sur une durée courte pour calmer les inflammations due à la maladie et des anticoagulants, car nous avons remarqué que cette maladie est emboligène et {la} cause de la formation de caillots dans la circulation du sang», précise la Pr. Majida Zahraoui.
L’ensemble du corps médical dans cette clinique adapte le traitement du Covid-19 selon les cas des patients, et les résultats sont probants. En effet, depuis le début de la prise en charge des malades contaminés par le Covid-19 dans cet établissement, sur 80 patients accueillis à la clinique De Vinci, 50% d’entre eux sont rentrés chez eux, complètement guéris, et 40 autres sont encore hospitalisés.
Pour des raisons de sécurité, les contacts entre le personnel soignant et les patients sont limités, et sujets à des règles strictes. Mais cela ne signifie pas que les malades sont isolés du monde extérieur. Chaque patient se trouve devant des caméras de vidéosurveillance et peut ainsi communiquer avec le personnel soignant, via une tablette fournie par la clinique.
Les patients pris en charge dans la clinique De Vinci ne déboursent pas un seul dirham. Leur hébergement, le coût de leurs traitements et le service de restauration sont intégralement pris en charge par cette clinique. Le ministère de la Santé prend en charge, de son côté, les frais liés à l’achat des médicament prescrits selon le protocole de traitement des cas positifs au Covid-19.
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Le professeur Jaâfar Heikel a sollicité l’appui de différents bienfaiteurs, afin que ceux qui le peuvent puissent participer à l’effort auquel consenti la clinique qu’il dirige.
Certains industriels, à la tête de laboratoires pharmaceutiques à Casablanca, ont accepté de fournir des médicaments, comme, par exemple, de la vitamine C. Une ambulance a été mise à la disposition de la clinique, ainsi que des lits d’hôpital, des matelas, des draps et des oreillers.