On les appelle les «kassalate» ou «tayabate». Ces femmes qui frottent les corps des clientes des hammams populaires s’occupent aussi de leurs enfants et les aident à se baigner dans les meilleures conditions.
Elles sont généralement quadragénaires ou quinquagénaires, voire d’un âge respectable. Et elles ont pour point en commun d'être dans une situation précaire. Or, la crise sanitaire a accentué leur malaise.
«Mon mari est malade, il ne travaille pas depuis plus de deux ans. J’ai des enfants et c’est moi subvient à leurs besoins. Je ne demande rien, juste à pouvoir travailler comme avant. Je n’ai plus aucune ressource», déclare dignement Fatima El Ayoubi, une «kassala» dans un hammam populaire.
Lire aussi : Vidéo. À cause du Covid-19, les mariages sont annulés: les negafates, ces autres victimes de la crise sanitaire
Comme ses consoeurs, elle ne bénéficie d’aucune aide. Partant, toutes se retrouvent plongées dans la misère: les dettes s’accumulent, le loyer est impayé tout comme les factures d’eau et d’électricité…
Veuve et sans aucun appui, Fatima Ahdar, une «kassala» d’un âge respectable, exprime son malaise avec une sorte de résignation: «j’ai toujours vécu grâce à mon travail au hammam. Maintenant qu’il est fermé, je n’ai plus le moindre sou et je ne bénéficie d'aucune aide».
D’autres «kassalate» et «tayyabate» interrogées par Le360 crient leur désespoir. Nombre d’entre elles ont reçu des avis de coupure d’eau et d’électricité. Pis encore, d’autres risquent d’être expulsées de leur foyer pour non-paiement du loyer.
Lire aussi : Vidéo. Agadir: fêtes interdites et tourisme en berne, le blues des «Nekkachates» au henné
C'est d’autant plus triste qu’elles comptent à leur actif plus de dix ans de travail dans leur domaine, certaines ont 15 ans d'ancienneté, d’autres jusqu’à 30. Les plus chanceuses, et elles sont rarissimes, bénéficient du RAMED. A part cela, «Walou, Allah karim.»
Ces témoignages émouvants, rapportés fidèlement par le correspondant de Le360 dans le Souss, devraient inciter les responsables à repenser les conditions de vie d’une frange de la population donnant aujourd’hui l’impression d’être laissée pour compte.
Surtout, ces dames qui témoignent de leur malaise sont dignes: elles ne demandent pas l’aumône, mais juste de pouvoir reprendre leur activité et de gagner leur vie. «Mais si les restrictions sanitaires exigent la fermeture de leurs lieux de travail, ne méritent-elles pas attention?», peut-on légitimement s'interroger.