Après un épisode de Covid-19, plusieurs séquelles respiratoires se manifestent chez plusieurs patients: toux, gêne respiratoire, douleur thoracique, fibrose pulmonaire, et sevrage d’oxygène (taux d’oxygène inférieur à 92% dans le sang) sont diagnostiqués dans la majorité des cas de contamination.
En post-Covid, la rééducation ou la réhabilitation respiratoire constitue une étape importante, voire primordiale pour optimiser la récupération pulmonaire et retrouver la mobilité de tous les organes et muscles du système respiratoire. Renforcer le diaphragme, éliminer le mucus des poumons, renforcer la capacité pulmonaire, et adopter de bonnes habitudes de respiration sont les principaux objectifs de la rééducation respiratoire.
Loin d’être anodine, cette pratique, encore méconnue au Maroc, «se présente sous forme d’un ensemble d’exercices qui envisagent le renforcement des muscles périphériques, ainsi que la mécanique respiratoire pour mener à bien les activités quotidiennes, en réduisant la sensation de dyspnée et d’essoufflement», explique le Dr Mohamed Tricha, spécialiste en médecine physique et rééducation, et expert en réadaptation cardio-vasculaire et pulmonaire.
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Dûment préconisée dans le protocole thérapeutique anti-Covid, car impactant en grande partie les poumons et le système respiratoire, cette rééducation, indique le spécialiste, implique que «le patient est dans l’obligation de se rendre chez un spécialiste en médecine physique et réadaptation respiratoire pour lui indiquer la thérapie respiratoire la mieux adaptée à sa situation, surtout après une admission à l’hôpital ou en soins intensifs».
Dans la majorité des cas, explique ce médecin, «des séances de réhabilitation respiratoire et de rééducation pulmonaire sont prescrites à la lettre pour se remettre complètement de ce virus, car elles permettront de retrouver plus rapidement une bonne fonction pulmonaire, et donc éviter des séquelles sur le long terme».
A ce titre, le Dr. Tricha explique que «travailler l’expiration nécessite de vider ses poumons le plus profondément possible. Il faut tout d’abord corriger sa posture en se tenant droit pour permettre une entrée plus importante d’oxygène dans la cage thoracique et donc dans les poumons. De plus, un autre exercice peut s’effectuer avec une paille, qui consiste à remplir un verre d’eau au tiers, placer la paille dans le verre et expirer très lentement en faisant des bulles». Cette série d’exercices respiratoires est à faire quotidiennement afin de garantir une guérison plus rapide et surtout plus efficace.
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Par ailleurs, il faut savoir que cette pratique est avant tout «une rééducation multidisciplinaire, qui fait appel à une équipe composée d’un médecin spécialiste en médecine physique et réhabilitation, d’un kinésithérapeute qui doit déjà avoir disposé d’une formation dans ce sens», indique le Dr Tricha, qui ajoute que «la durée de la rééducation varie d’un patient à un autre, s’étalant sur un ou plusieurs mois. Elle dépend de l’avancée de la récupération, mais également de beaucoup d’autres facteurs, notamment la capacité du patient à supporter cette réhabilitation ses comorbidités».
L’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) avait publié un guide à ce sujet. Sous le titre Kinésithérapie et Covid-19: de la réanimation à la réhabilitation- Résumé des guidelines internationaux, l'ouvrage de l'organisation onusienne insiste sur la nécessité de soumettre les patients ayant été atteints du Covid à des séances de rééducation et de réhabilitation respiratoire.
Cependant, malgré son efficacité prouvée, cette technique thérapeutique reste peu pratiquée au Maroc. C'est pourquoi le Dr Mohamed Tricha tient à sensibiliser l'opinion publique, afin que le plus grand nombre s'y intéresse, ainsi qu'inciter ceux qui n'ont pas été atteint par la maladie à prendre davantage soin de leur état de santé en adoptant une routine sportive.