C’est acté, le pass vaccinal est obligatoire depuis aujourd’hui, jeudi 21 octobre 2021. Et à Rabat, comme ailleurs, les avis sont certes partagés, mais tous protestent contre le très court délai imposé: 3 jours entre l’annonce et l’application de la mesure.
Lors d'une tournée dans divers lieux de la capitale, il a été constaté que la quasi totalité des établissements publics tels les ministères, les facultés, les offices, ont bien commencé à appliquer l'obligation de présentation du pass vaccinal pour pouvoir accéder aux différents services.
Parfois ce sont des fonctionnaires eux-mêmes qui veillent à la vérification des pass, mais plus souvent ce sont des agents de sécurité, issus du secteur privé, qui exécutent cette mission.
Ainsi, à l’entrée des établissements, ils contrôlent la présence de ce fameux document avant d'autoriser ou de refuser les accès aux différents établissements. "Nous refoulons tout ceux qui ne possèdent pas de pass vaccinal ", lance ainsi un fonctionnaire, relevant de la Mutuelle générale du personnel des administrations publiques, en direction des quelques adhérents présents aujourd’hui, certains étant venus de villes limitrophes de Rabat.
Des assurés ont exprimé leur regret de se voir privés des services de cet établissement. "C'est regrettable qu'aucune souplesse n'ait été accordée", affirme un vieux retraité.
Lire aussi : Officiel. Covid-19 au Maroc: ces lieux où le pass vaccinal sera obligatoire, à partir du 21 octobre
Les cafetiers et les restaurateurs, quant à eux, semblent tous d'accord sur l'impossibilité pour nombre d'entre eux de faire appliquer cette mesure. "Il est impossible, pour nous cafetiers, d'imposer aux clients de présenter le pass vaccinal, comme il est impossible pour nous de jouer le rôle du policier", a ainsi martelé, Driss El Hyanni, gérant d'un café situé dans le quartier de l'Agdal.
Un observateur averti, Redouan Amimi, professeur de droit à la Faculté de Rabat-Agdal partage la même idée en précisant que "le rôle d'un contrôle notamment d'identité ou de tout autre document relève légalement de la police et des autorités. Elles seules sont habilitées à accomplir cette mission".
Redouan Amimi ajouté que du point de vue "légal", le gouvernement a le droit d'imposer cette mesure. Mais d'après lui, celle-ci pose deux principales difficultés: la décision a été prise rapidement en ne prenant pas en compte les cas de personnes qui n'ont pas pu se faire vacciner pour "des raisons valables". E(t pour ce qui est de l'application, a poursuivi le professeur, "nous constatons également que la responsabilité liée à la mise en œuvre de la mesure a été confiée, à tort, au secteur privé", duquel dépendent les agents de sécurité.
Légalement, l'application de "la procédure de contrôle n'est pas compatible avec la loi si elle est confié au privé, surtout que ce mécanisme des agents privés contient un risque de violation à la vie privée des gens", a conclu le professeur.