Prés de 20.000 personnes vivent avec le VIH au Maroc. Le traitement du VIH par anti-rétroviraux ne peut être interrompu, et pour cela l’Association de lutte contre le sida (ALCS, fondée en 1988 par le professeur Hakima Himmich) s’est mobilisée dés le début de la crise sanitaire.
«Très tôt un partenariat avec le ministère de la Santé a été mis en place, où l’ALCS a joué le rôle d’intermédiaire. Nous avons récupéré les traitements et nous les avons fait parvenir à leurs destinataires», indique le professeur Mehdi Karkouri, actuel président de l’ALCS.
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Dans certains cas, l’association a fait parvenir les traitements via les services de messagerie, dans d’autres cas, les médiateurs thérapeutiques de l'ALCS se sont eux-mêmes déplacés jusqu’au domicile des patients.
En temps normal, tous les trois mois, les personnes vivant avec le VIH se rendent à l’Hôpital pour prendre leur traitement. Cependant, avec le confinement et les restrictions de déplacement entre les villes, la prise du traitement aurait pu être interrompue.
Dans la plupart des cas, par crainte de rencontrer un visage familier, les patients se rendent dans une autre ville pour prendre leur traitement.
«Ça n’a pas été facile, il a fallu faire une gymnastique, mais on l’a fait», confie le professeur Mehdi Karkouri.
L’ensemble des services de l’association sont assurés. Le dépistage gratuit se poursuit, sur rendez-vous, les campagnes de prévention continuent, certes, mais de manière moins importante, du fait de l’impossibilité de se déployer sur le terrain. La service de suivi psychologique continue d’être actif, et l’ensemble des membres actifs de l’association ont été formés aux gestes barrières ainsi qu’aux consignes de sécurité sanitaire.
Concernant la vulnérabilité des personnes vivants avec le VIH face au coronavirus, le président Mehdi Karkouri se fait rassurant: les patients sous antirétroviraux, en bonne santé, ne sont pas plus fragiles face au coronavirus qu’une personne séronégative.
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En revanche, les patients vivants avec le VIH, souffrants de comorbidité (maladies cardiovasculaires, diabète, insuffisance respiratoire chronique, etc.), ou d’immunodéficience, sont appelés à prendre plus de précautions, car ils sont plus exposés aux complications, en cas d’infection par le Covid-19.
En début de semaine, l’organisation mondiale de la santé (OMS) et le Programme commun des Nations Unies sur le VIH (Onusida) ont fait part part de leurs inquiétudes pour l'Afrique, quant à l’arrêt des campagnes de prévention, ainsi qu’à l’accès aux soins et au traitement.
Selon ces deux organisations relevant du système des Nations Unies, si l’accès au traitement venait à être perturbé par la pandémie du nouveau coronavirus, le nombre de décès causés par le VIH pourrait doubler dans la partie méridionale du continent.
Pour sa partie septentrionale, et plus particulièrement au Maroc, en revanche, pas d’inquiétudes à avoir, car selon le Pr. Mehdi Karkouri, le ministère de la Santé a pris les devants, et le royaume dispose d’un stock de médicaments pour les six mois à venir.
«Nous avons même pu distribuer ces traitements aux étrangers bloqués au Maroc après la fermeture des frontières», ajoute-t-il.
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Le professeur Mehdi Karkouri a aussi fait part de la volonté de l’association de lutte contre le Sida de s’impliquer dans l’effort national de lutte contre le coronavirus, en mettant au service du pays l’ensemble de son réseau (19 sections à travers le royaume, 300 volontaires et une trentaine de médecins bénévoles) et son savoir-faire en matière de dépistage.
Fort de plus de 25 ans d’expertise dans le dépistage médicalisé et démédicalisé du VIH, l’ALCS est en mesure de prendre part au dépistage de masse du Covid-19, dans la mesure où les autorités opteraient pour cette solution, assure le président de l’ALCS.
Chaque année, l’association parvient à dépister près de 50% des personnes vivant avec le VIH, alors qu’elle n’effectue que 10% de la totalité des tests VIH réalisés dans notre pays.