Vidéo. Covid-19: la fête de l’Aïd Al-Adha au Maroc, ce ne sera pas pour tout le monde

Le360

Le 19/07/2020 à 16h55

VidéoLa pandémie du Covid-19 a impacté les revenus des ménages. A l’approche de Aïd al-Adha, les ménages les plus fragiles n’ont pas le coeur à la fête et sont dans l’incapacité d’acheter un mouton pour le sacrifice. Témoignages.

La pandémie du nouveau coronavirus a mis à mal les revenus des ménages les plus faibles, dont ceux du secteur informel, lesquels, du jour au lendemain, se sont retrouvés sans revenu.

«Avec le confinement, je ne pouvais pas sortir. Du coup, je n’avais plus de revenu. Grâce à l’aide de l’Etat, j’ai pu subvenir aux besoins de mon enfant handicapé et payer les factures d’électricité, mais ce n’est pas suffisant pour pouvoir acheter un mouton pour l’Aïd. Je vais essayer d’acheter un peu de viande pour la fête, ça fera plaisir à mes enfants», confie Fatna, vendeuse ambulante dans l’ancienne médina de Casablanca.

C’est aussi le cas de Drissia, femme de ménage dans une entreprise de nettoyage, qui a vu ses revenus baisser du fait de l’arrêt de l’activité de celle-ci.

Son mari, poissonnier, s’est lui aussi retrouvé au chômage suite à la fermeture de la halle aux poissons de Casablanca, après que des cas positifs au Covid-19 y ont été détectés. Malgré la réouverture de ce lieu, il n’a pas pu reprendre son activité, à cause d’une opération qu’il a subie sur l'une de ses mains.

«Tous deux au chômage, nous comptons sur l’aide de l’Etat de ce mois-ci. Mais ce ne sera pas pour l’Aïd. Nous percevrons 1.000 dirhams. Nous allons nous contenter de quelques poulets pour célébrer l’Aïd. C'est mieux que rien», explique-t-elle.

Les travailleurs journaliers font partis des personnes les plus impactés par la crise sur le plan économique. Avec près de 4 mois d’arrêt, ils se retrouvent dans l’incapacité de subvenir à leurs besoins les plus vitaux. Certains d’entre eux, comme Khalid, ont dû s’adapter à cette situation pour trouver de quoi se nourrir.

«J’ai un diplôme en plomberie et en électricité, j’ai aussi appris à poser le carrelage et d’autre travaux de réaménagement mais depuis le mois de mars, à cause du confinement je n’ai pas pu travailler. Cet été non plus, donc je me suis mis à vendre des cigarettes au détail. Cela permet d’avoir une petite rentrée d’argent, entre 30 et 40 dirhams par jour, mais ce n’est même pas suffisant pour régler les factures ou nourrir les enfants. D’ailleurs, ils (les enfants, NDLR) me demandent tous les jours où est le mouton. Je pense que le jour de l’Aïd, je vais emmener les enfants à la plage, le temps que la fête se termine. En attendant, je vis caché, y compris de mes enfants, de peur de devoir affronter leurs questions», raconte Khalid avec désarroi.

Par Fatima Zahra El Aouni et Saad Aouidy
Le 19/07/2020 à 16h55