Il est directeur de l’épidémiologie au ministère de la Santé, et, depuis l’apparition de l'épidémie du coronavirus dans le Royaume, les Marocains n’ont eu d’yeux que pour lui. Fin expert, mais aussi homme humble et accessible, ses passages quotidiens sur les chaînes publiques et les médias électroniques, mais aussi ses analyses et explications dans le cadre d’interviews étaient des plus attendus. Le tout a duré plusieurs semaines avant qu’il ne soit remplacé par d’autres cadres du ministère et que l’homme ne retrouve sa discrétion coutumière.
Certains ont vu dans cette disparition une disgrâce, après un bref instant de gloire. D’autres ont émis la thèse d’une démission d’El Youbi de ses fonctions, ou encore un licenciement. Interrogé par Le360, le concerné rejette tout retrait de ses fonctions, même s’il avoue une «tension» entre lui et son ministre de tutelle, Khalid Aït Taleb.
«Je travaille comme d’habitude. Le plus important, ce ne sont pas les apparitions à la télévision ou la présentation du bilan, mais tout le travail qu’il y a derrière. Le vrai travail {le sien, Ndlr} a été de mettre en place un dispositif de veille et suivi épidémiologique, de le faire valider et d’agir en conséquence en matière de traitement et d’analyse des données ainsi que d’élaboration de conclusions et de propositions pour une vision claire et des actions efficaces de lutte contre la propagation du virus. La communication a son importance, mais {il est peu important} qui doit s’en occuper», nous dit-il.
Serait-ce donc El Youbi qui aurait choisi de travailler loin des feux de la rampe?
«Ce n’est pas une question de volonté, mais de hiérarchie. J’agis à l’intérieur d’un département qui a un ministre de tutelle et c’est ce dernier qui fixe les orientations ainsi que la manière et les personnes en charge de communiquer», nous explique-t-il, optant pour le devoir de réserve qui fait partie de sa mission de fonctionnaire de l'Etat.
Le courant ne passe-t-il donc plus entre Mohamed El Youbi et Khalid Aït Taleb? «Nous sommes en pleine gestion d’une crise majeure et il est normal que des tensions naissent de temps en temps. Cela étant, chacun a sa place et le respect mutuel est de rigueur», consent-il à dire.
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L’essentiel est ailleurs pour lui. «Notre mission à tous est d'arriver à bout de ce virus. Les conditions de travail et les tensions qui peuvent surgir relèvent du secondaire. On fera le bilan à la fin», conclut le directeur de l’épidémiologie au ministère de la Santé.
En parlant de fin, celle du coronavirus est-elle proche au Maroc? «Je suis très optimiste et la pandémie est bien maîtrisée dans notre pays. Cela explique les mesures d’allègement du confinement adoptées par les autorités. Cet allègement, comme une future levée du confinement, ne veulent pas pour autant dire que nous avons gagné. La prudence doit rester de mise», avertit Mohamed El Youbi.
