Dès les débuts de la crise, la société civile s’est fortement mobilisée pour soutenir les actions de l’Etat dans la lutte contre la pandémie du nouveau coronavirus. Au cœur de ces actions, de nombreux jeunes, qui se sont mobilisés pour venir en aide aux plus démunis et aux plus vulnérables.
«La société a découvert sa jeunesse. Notre jeunesse est souvent ignorée, niée, voir méprisée. Or là, la société, les parents, les acteurs de la société civile et les autorités ont découvert une jeunesse intelligente, capable de se mobiliser, volontaire, engagée. Sincèrement la jeunesse a montré son savoir-faire», s'enthousiasme Ahmed Ghayat, acteur associatif, président de l’association Marocains Pluriels.
Pendant le confinement, au cours du ramadan et après ces périodes, les jeunes ont été (et sont encore) à l'origine de nombreuses actions: distribution de denrées alimentaires, nettoyage, désinfection et réaménagement des quartiers, actions de sensibilisation et de prévention, campagnes de sensibilisation pour l’achat de recharges Internet pour les élèves dont les parents manquent de moyens financiers, ou encore distribution de masques.
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La crise a donc révélé cette capacité de la jeunesse à s’engager en faveur de la société, en dépit des problèmes majeurs auxquels elle fait face. Or, ceux-ci, on le sait, sont nombreux. Deux jeunes militants associatifs ont accepté de témoigner et de se confier à notre micro.
«C’est tellement difficile!», lâche Ayoub Hilali, étudiant à l'université et président de l’association des 109.
«Aujourd’hui, les jeunes, malgré leurs diplômes, ont des difficultés à entrer sur le marché du travail. En plus du diplôme, il faut une formation technique, des stages et ce n’est pas facile d’en avoir. Plusieurs amis et des personnes autour de moi ont des diplômes, mais se retrouvent à être vendeurs ambulants», confie-t-il.
Pour Mohammed Reda, la jeunesse fait face à un conflit intergénérationnel: «heureusement, nous sommes au Maroc, il n’y a pas de guerre ou autre, mais nous nous heurtons aux mentalité de nos ascendants et au regard de la société. Par exemple, c’est difficile d’avoir une petite amie, de sortir avec elle, et la tenir par la main dans la rue, c’est impossible», déplore ce jeune étudiant en droit.
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Cependant ces jeunes restent optimistes et voient dans cette crise une opportunité de faire bouger les choses, et surtout les mentalités.
«J’ai l’intime conviction que ça va changer. Pour que ça change, il faut que nos parents et nos grand-parents soient plus ouverts à communiquer avec nous. Nous avons besoin de leurs conseils, mais sans qu’ils soient trop impliqués, qu’ils nous laissent vivre notre vie», plaide Mohammed Reda.
«Le changement doit être radical et se faire dans les mentalités et par l’éducation. Il faut convaincre les jeunes qu’ils doivent travailler et persévérer, mais l’Etat doit prendre en compte cette jeunesse, l’aider, l’orienter et surtout l’écouter», explique, de son côté, Ayoub Hilali.
Pour Ahmed Ghayat, il y aura forcément un Maroc d’après le Covid-19: «à mon sens, la clé c’est de faire de notre jeunesse un partenaire, d'arrêter de les traiter en mineurs. Cette jeunesse émet des propositions, a des choses à dire, un savoir-faire et de l’énergie. Il faut à mon avis leur permettre d’être des interlocuteurs, mais aussi des partenaires, des acteurs et des décideurs».