Il est 16h ce jeudi 20 juillet. Rien n’est encore à signaler à la place Mohammed VI d’Al Hoceima, le lieu où les manifestants avaient l’habitude de se donner rendez-vous ces derniers mois. A l’exception d’une dizaine de véhicules de police et des éléments des forces de l’ordre dispersés un peu partout aux alentours. Ce calme ne rassurait pas, certains craignant que les heures qui suivent soient plus «animées».
Une quinzaine de minutes plus tard, et malgré une stratégie sécuritaire bien ficelée, des dizaines, puis des centaines de jeunes manifestants sont parvenus à organiser une première sortie, scandant, dans un premier temps, leurs slogans dans une ambiance plutôt pacifique. Un agent de la police est intervenu avec un haut-parleur, appelant les jeunes à se disperser et rappelant les dispositions réglementaires interdisant les manifestations et marches non autorisées. Après trois rappels, les forces de l’ordre n’avaient d’autres choix que d’intervenir pour disperser la foule. Cette dernière s’est alors divisée en plusieurs petits groupes qui se sont sauvés en empruntant les ruelles avoisinantes.
Parallèlement à cela, plusieurs centaines de personnes étaient dans des mosquées pour la prière d’Al Asr. A leur sortie, elles ont rallié le mouvement de protestation créant ainsi sept à huit mouvements de foule distincts. Une situation difficilement gérable. Surtout que les différents groupes qui s’étaient formés tentaient de se rassembler en un seul mouvement et lancer ainsi la marche tant promise. Pour empêcher cela et éviter que la situation ne dégénère, les forces de l’ordre intervenaient à chaque tentative de rassemblement. Elles ont même dû recourir à des bombes lacrymogènes.
Aux alentours de 18h, la situation allait dégénérer lorsqu’un groupe de manifestants a pu isoler un des éléments des forces de l’ordre et le tabasser. C’est alors que ses camarades ont dû intervenir pour mettre fin à cette agression. Plusieurs personnes ont alors été arrêtées.
Quelques instants auparavant, c’était le tour de deux reporters de la deuxième chaîne nationale 2M, qui non seulement ont été interdits de filmer, mais se sont aussi vu assener des coups, certains reprochant à la chaîne son traitement des évènements d’Al Hoceima.
Vers 19h, la situation ressemblait aux premiers instants de cette manifestation, soit plusieurs groupes de jeunes éparpillés ici et là, sous la surveillance des forces de l’ordre. C'était juste avant que des heurts ne reprennent de plus belle.