Dans le cadre de la lutte contre le nouveau coronavirus, les écoles ont été les premiers établissements à fermer leur porte. Avec le confinement, les écoles, dans le but de garantir la continuité de l’enseignement, ont dû s’adapter et recourir aux cours à distance pendant les trois derniers mois de l’année scolaire.
Ces trois derniers mois sont au cœur du conflit qui oppose les écoles privées aux parents d’élèves. D’un côté, les écoles exigent le paiement de la totalité des frais de scolarité. De l’autre, les parents estiment que les cours à distance ne justifient pas le paiement de la totalité des frais et réclament une réduction de 50% de ces derniers.
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Aucune des écoles privées sollicitées à plusieurs reprises n’a voulu donner suite à nos demandes d’interview. Faisant face à ce même mutisme et à ce manque de communication, les parents d’élèves se sont organisés en collectifs ou en associations pour tenter de faire entendre leur voix, mais se retrouvent dans l’impasse.
«Les parents avaient une confiance totale et aveugle envers l’école, mais cette crise a révélé la vérité, à savoir que la relation qui nous lie à cette école est uniquement commerciale. En tant que collectif des parents d’élèves des écoles Riad, nous ne demandons pas l’aumône, nous en appelons à l’intervention de l’Etat. Le droit des contrats et des obligations est clair, un service équivaut à une rémunération, si ce service n’a pas été rendu, il ne peut être payé. Nous réclamons qu’une évaluation des cours à distance dispensés pendant cette période soit réalisée pour définir ce que ce service vaut réellement», confie El Bassity El Houssaine, représentant du collectif des parents d'élèves de l’école Riad à Casablanca.
Il dénonce au passage le manque de communication de la part de l’école et la volonté de celle-ci de s’imposer par la force.
En effet, plusieurs établissements privés ont recouru à la création de listes noires regroupant les parents n’ayant pas réglé les frais de scolarité du dernier trimestre. Pire, certaines écoles usent de chantage concernant la remise de diplômes ou de bulletins de notes.
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«Avec la problématique du Covid-19 et de l’enseignement à distance, l’école a demandé aux parents de payer 100% des frais de scolarité et sur ce point, les parents et nous-mêmes [l’association des parents d’élèves] ne sommes pas d’accord. Nous avons la garde des enfants, nous n’utilisons plus les infrastructures et services de l’école, les parents ont dû assumer l’achat de matériel pour suivre l’enseignement à distance. Nous estimons donc qu’on ne devrait pas payer la même chose qu'en temps normal», explique Saâd Regragui, président de l’association des parents d’élèves de l’école Yassamine de Casablanca.
Faute d'avancée, le conflit semble se diriger droit vers un dénouement juridique. Nous avons demandé à Maître Hatim Beggar, avocat et conseiller juridique, son avis sur la question.
«Cette relation est régie par un contrat entre les parents d’élèves et les écoles privées. Les juges peuvent donc seulement s’appuyer sur les lois existantes en dehors du contexte de crise sanitaire. D’un côté, les parents réclament une réduction des frais de scolarité pour les trois derniers mois, invoquant la garde des enfants et l’achat de matériel… De l’autre côté, la fermeture des écoles a été décidée par les autorités et ne relève donc pas de la responsabilité des établissements. Les deux partis vont donc invoquer le cas de force majeure et les magistrats ne pourront statuer. A mon sens, la résolution de ce conflit ne passera pas par le tribunal. Il faut que les écoles et les parents trouvent un consensus et l’Etat devrait intervenir et servir d’intermédiaire entre les partis. Les premières victimes dans cette affaire, il faut le rappeler, ce sont les enfants», indique Maître Hatim Beggar.
Les deux représentants des parents d’élèves interrogés par Le360 appellent les écoles à trouver une solution à l’amiable et à reconstruire une relation de confiance totalement détruite par ce conflit. Les écoles quant à elles restent silencieuses et semblent mener une guerre d’épuisement comptant sur la désolidarisation des parents sur la durée. Une intervention de l’Etat semble être la seule option susceptible de mettre fin au conflit.