Les images d'anciennes seqqayas délabrées, filmées par Le360, donnent un aperçu de l’état d’abandon dans lequel se retrouvent certains de ces points d'eau traditionnels, décorés de zelliges et aux lourds robinets en cuivre, qui permettaient aux Fassis d'autrefois, en l'absence d'eau courante, d'acheminer de l'eau potable jusqu'à leur maison, voire de pratiquer leur rituel d'ablutions juste avant l'accomplissement d'une prière dans l'un des lieux de culte de la médina de Fès.
Leur existence remonte en effet à bien des siècles, et ces fontaines publiques font partie intégrante de la vie quotidienne des Fassis.
«J’ai grandi et vécu avec les seqqayas. J’en voyais un peu partout dans la médina, et il y en a, en fait, plus d’une soixantaine. Mais exceptées trois d'entre elles, les autres ne fonctionnent plus. Elles étaient bénéfiques aussi bien pour les habitants dans le besoin, qui venaient pour s’y approvisionner en eau potable, que pour les visiteurs de passage, qui pouvaient y étancher leur soif», déclare, pour Le360, un habitant de la médina.
Nostalgique, il raconte que lors de ses visites dans d'autres villes du Maroc, comme à Casablanca, ses proches l’interrogent souvent sur le sort des Seqqayas. Pour avoir bu de leur eau, ou les avoir tout simplement admirées, ceux-ci en gardent un souvenir mémorable. Mais la réponse de notre Fassi indigné est sans appel: «elles sont où, les seqqayas que vous connaissiez? Ce n’est plus que ruine et désolation!».
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D'autres habitants de la médina, interrogés par Le360, sont d'accord avec ces propos. Certains se souviennent qu'enfants, ils accouraient pour boire l’eau de ces fontaines, avant de rentrer chez eux. D’autres rappellent le rôle très important joué par ces saqqayas, pour les foyers qui n'avaient pas l'eau courante.
Tous veulent lancer un appel au Conseil de la ville, afin que le maire remédie à cette situation, qu'ils qualifient de «déplaisante».
Toutefois, il faut dire que la Ville de Fès a entrepris des opérations de restauration des seqqayas de la médina et que quinze d'entre elles ont déjà été restaurées.
D’autres restaurations ou réhabilitations doivent suivre, selon un programme bien défini, comme nous l’explique Aïcha El Alaoui, directrice du projet de restauration des seqqayas de la médina à l’Agence pour le développement et la réhabilitation de la ville de Fès.
«Nous allons entamer la restauration de 18 seqqayas en septembre prochain. Pour 36 autres, les travaux débuteront en 2021», explique-t-elle.
«Mais à quoi bon restaurer ces fontaines, si l’eau ne coule pas?», s’interroge un citoyen. Réponse de Aïcha El Alaoui: «l’eau coule déjà dans dans 13 fontaines. Quant aux autres, cela relève des prérogatives d’autres autorités locales».