«Je suis la victime d’un viol commis par un collègue», annonce d’emblée Hafsa Boutahar, les traits tirés, à l’issue d’une confrontation avec Omar Radi qui a duré plusieurs heures, mardi 13 octobre à la Cour d’appel de Casablanca. La plaignante explique ne pas pouvoir «livrer les détails de ce qui a été dit car [elle doit] respecter le secret de l’instruction».
«C’est une affaire de viol qui me touche, mais qui touche aussi toutes les femmes marocaines et les femmes à travers le monde», s’exclame-t-elle, condamnant les tabous qui entourent les affaires de viol, car «on craint d’en parler de peur de la société et du scandale».
Hafsa Boutahar, qui était accompagnée ce jour-là de deux avocats, et qui a été confrontée au comité de défense de Omar Radi, constitué de douze avocats, ne se laisse pas pour autant impressionner. «Je suis venue pour défendre ma dignité et celle de toutes les femmes du Maroc et d’ailleurs, afin que celles-ci affrontent leurs agresseurs», explique-t-elle avec véhémence, en condamnant par ailleurs «la diffamation, les insultes, le mépris, le non-respect des droits humains» dont elle a fait l’objet jusqu’à présent, ainsi qu'une volonté de «politisation» de son affaire.
Comme elle l’avait précédemment évoqué dans un entretien avec Le360, Hafsa Boutahar revient également sur le traitement indigne que lui a réservé l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH).
«J’ai déposé une plainte [contre Omar Radi] et je me suis tournée vers l’AMDH, pour lui demander aide et soutien en tant qu’association de défense des droits humains. Les gens de l’AMDH m’ont traitée comme si j’étais coupable. Leur avocat m’a fait passer un interrogatoire au terme duquel l’AMDH a communiqué à Omar Radi le contenu de ma plainte», rappelle-t-elle, s'indignant de cette démarche, qu’elle qualifie de «scandale de la part d’une association qui est censée défendre les droits humains et les droits des femmes».
D’ailleurs, le parti pris féroce de l’AMDH contre la plaignante n’a pas été apprécié par tous les membres de cette association, occasionnant même une fronde parmi les membres de son comité administratif.
Plus déterminée que jamais, Hafsa Boutahar a affirmé: «je ne peux pas me taire. Et j’irai jusqu’au bout. Il en va de ma dignité, de celle de toutes les femmes».
Prochaine audience, le 5 novembre, en présence des différentes personnes qui étaient présentes au domicile qui a été le théâtre de ce viol, toujours présumé à l'heure actuelle.