Le mariage précoce est une violation des droits des jeunes, le plus souvent des filles, de leur éducation, de leur santé. Ce constat, admis à l’unanimité par l’ensemble des acteurs mobilisés à l’occasion de la présentation d’une étude diagnostique sur le mariage des mineures au Maroc, ne change pas grand-chose à la réalité.
Lors d’une rencontre s’inscrivant dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de la Déclaration de Marrakech adoptées en 2020, pour la lutte contre la violence faite aux femmes, les chiffres délivrés sont éloquents: 19.926 demandes en mariage de mineures ont été enregistrées dans les tribunaux en 2020, dont 13.335 ont reçu un accord favorable.
Des chiffres encore bien trop importants, aux conséquences néfastes sur l’avenir de ces enfants, comme l’a rappelé le procureur général, Moulay El Hassan Daki: «En dépit des avancées aux niveaux constitutionnel, légal, judiciaire et institutionnel, le mariage des mineures reste une réalité et impacte négativement les droits des enfants, tels que la santé, l’enseignement».
Mais, à en croire la présidence du ministère public, la mobilisation des parties prenantes porte ses fruits. Depuis la mise en branle de l’accord de Marrakech, près de 2.000 filles ont réintégré les bancs de l’école au niveau de la région de Marrakech-Safi à titre d’exemple. Les résultats livrés par le ministère public reflètent la mobilisation des procureurs des tribunaux du Royaume. En atteste les requêtes de refus de mariages enregistrées auprès de jeunes mineurs ayant atteint les 65% en 2020, contre 58,4% enregistré en 2019 et 36% seulement il y a deux ans.
Il va sans dire qu’il appartient aux magistrats de prendre en considération l’intérêt suprême de l’enfant pour assurer la protection de ses droits fondamentaux. «La structure familiale ne peut que s’appuyer sur des bases solides», précise le procureur général, Moulay El Hassan Daki.
Cela dit, de nombreuses lacunes persistent, telles que le manque d’assistance sociale au niveau des tribunaux et le non recours à l’examen médical pour apprécier la requête de mariage.
Pour rappel, la législation marocaine soumet le mariage des mineures à une autorisation préalable entre les mains des juges, qui octroient ou non cette autorisation exceptionnelle. Les décisions doivent être en outre justifiées après audition des parents, en faisant appel à une expertise médicale ou une enquête sociale pour trancher en faveur de l’intérêt de l’enfant.