En Europe, c’est sans nul doute l’une des problématiques majeures auxquelles les gouvernements accordent beaucoup d’intérêt. Pourtant, elle est loin d’être comme elle nous est présentée et l’Afrique s’en retrouve en quelque sorte victime.
Selon Abdelhak Bassou, co-auteur de la quatrième édition du rapport annuel Atlantic Currents d’Ocp Policy Center, les faits et les chiffres contredisent les perceptions dominantes sur la migration africaine, présentée comme un fléau pour l’Europe.
L’examen des chiffres démontre en effet que la migration africaine se fait à 80 % au moins à l’intérieur du continent et qu’au final l’Europe n’en reçoit qu’une infime partie. Cinq grands pays d’accueil, qui sont aussi des locomotives économiques de l’Afrique, en drainent ainsi une bonne partie: l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Kenya et l’Ethiopie.
Pourtant, depuis la crise de 2015 où plusieurs centaines de milliers de personnes fuyant les guerres au Moyen orient ont migré vers l’Europe, cette dernière présente souvent l’Afrique comme le principal pourvoyeur de migrants vers le vieux continent. «2015 reste une année exceptionnelle et depuis, les flux de migrants vers l’Europe se sont nettement réduits», explique Abdelhak Bassou.
Pour ce dernier, la migration africaine vers l’Europe peut même se présenter comme une opportunité, compte tenu des besoins de mains d’œuvre dans les pays européens où la population active décline au moment où la population active africaine continue de croitre. «Il ne faut pas oublier que quand on accueille des migrants, ces derniers laissent plus de 90% de la valeur ajoutée qu’ils ont créée dans leur pays d’accueil», fait-il remarquer.