Les ophtalmologues marocains du secteur privé sont en colère. A l’origine de ce mécontentement, le projet de loi 45.13 concernant l’exercice des professions de rééducation, de réadaptation et de réhabilitation fonctionnelle. Concrètement, c'est la revendication sur l’interdiction pour les opticiens de délivrer des lunettes sans ordonnances, demandée depuis des années par les ophtalmologues, qui est piétinée.
Ce texte actuellement en discussion au sein de la commission des secteurs sociaux à la deuxième chambre du Parlement encourage, selon le syndicat national des ophtalmologues libéraux du Maroc (SNOLM), l’exercice illégal de la profession.
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«Remettre entre les mains des opticiens, commerçants, sans aucune attribution ni formation médicale professionnelle, la santé visuelle des citoyens marocains constitue une violation de la loi 131-13 de l’exercice de la médecine au Maroc», peut-on lire dans un communiqué du syndicat.
Selon les ophtalmologues, ce projet de loi contient un article qui porte atteinte à la santé oculaire des citoyens. L’article 6, car c’est de celui-ci dont il s’agit, stipule que l’opticien lunetier délivre des articles d’optiques destinés à corriger ou à protéger la vue.
Ce même article prévoit que l’opticien «réalise l’adaptation et l’ajustement des dits articles au moyen d’instruments de contrôle nécessaire».
Ce même article avait créé un conflit entre ophtalmologues et opticiens depuis plus de deux mois, et poussé les députés de la chambre des conseillers à constituer une commission technique alliant ministère de la Santé et secrétaire général du gouvernement.
La commission technique a fini par conclure qu’elle devait enlever toutes les exceptions de l’article 6 pour se référer à l’article 4, imposant l’ordonnance médicale à l’exécution des lunettes optiques par les opticiens lunetiers.
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Mais à la grande surprise des membres du syndicat, un amendement de dernière minute, non étudié au préalable s’est glissé dans les textes validés par la commission technique.
Cet amendement autorise les opticiens à effectuer la mesure de réfraction et l’adaptation des lentilles de contact. C’est là un comble, car selon les ophtalmologues regroupés au sein du SNOLM, c’est une institutionnalisation de l’exercice illégal de la médecine.
L’adaptation des lentilles de contact est non seulement réservée aux médecins ophtalmologues mais en plus, ils doivent avoir un diplôme de contactologie.
Dans le communiqué du syndicat, les ophtalmologues disent craindre des complications possibles tel l’abcès de la cornée et la cécité.
C’est pour dénoncer cet amendement dans ce projet de loi et plus précisément son article 6, que les ophtalmologues du secteur libéral ont observé un sit-in devant le département d’Anas Doukkali ce matin du lundi 3 juin.
Ce n’est pas tout, ils menacent même de monter au créneau et de tenir une série de grèves juste après Aid El Fitr.
- projet_loi_45.13_fr.pdf