Comment la diversité culturelle du Maroc impose un multilinguisme? Quels sont les enjeux de la diversité linguistique? Tels sont les questionnements qui ressortent de la conférence-débat sur la diversité culturelle et multilinguisme, les enjeux de la jouissance et de l’exercice des droits organisés hier, mardi 11 février, au stand du CNDH en marge du Salon international de l’édition et du livre de Casablanca.
Le juriste Lahcen Oulhaj a souligné que la question du multilinguisme est une nécessité culturelle et qu’elle est même soutenue dans le saint Coran. «Et nous avons fait de vous des nations et des tribus afin que vous vous connaissiez» peut-on lire au verset 49:13.
Lahcen Oulhaj soutient l’idée que de nos jours, même en l’absence d’un véritable choix de langue de l’Etat, utiliser plusieurs langues différentes est positif. «Avec l’intelligence artificielle, cette question de discrimination à travers la langue ne sera plus d’actualité» explique-t-il pour le360.
Karim Bensoukass, professeur et linguiste, dit être la preuve qu’il existe un gap entre le discours officiel du choix de la langue officielle, d’abord l’arabe dans la Constitution de 1996 puis l’arabe et l’amazigh en binôme dans la celle de 2011. «Je suis professeur d’anglais et je fais mon intervention en français». Cet universitaire souligne également que malgré le fait que l’arabe et l’amazigh sont les langues officielles, reconnues par le pays et son administration, le français reste prédominant. On le retrouve dans l’enseignement, les administrations, le secteur privé, les banques…
Pour sa part, le sociologue Said Bennis déclare que le Maroc possède deux langues officielles mentionnées dans la Constitution, mais que, par ailleurs, le français reste prédominant et que l’utilisation du tifinagh sur les panneaux de signalétique, par exemple, est très timide. «Il y a une sorte de “schizoglossia”; une schizophrénie des langues qu’on ne peut pas ne pas remarquer.»