Viol de Hiba et Jihane: Appel à un sit-in le 5 août

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Les coupables du drame vécu par Hiba et Jihane, victimes de viol, comparaîtront le 5 août devant le tribunal de la Cour d’appel de Hay Riad, à Rabat. Un appel à un sit-in a été lancé pour soutenir les jeunes femmes.

Le 31/07/2013 à 20h43, mis à jour le 31/07/2013 à 21h31

Les coupables du drame vécu par Hiba et Jihane, victimes de viol, comparaîtront le 5 août devant le tribunal de la Cour d’appel de Hay Riad, à Rabat. Un appel à un sit-in a été lancé pour soutenir les jeunes femmes.

Rappel des faits

Ce jour devait être l'un des plus beaux et des plus mémorables de la vie de ces deux jeunes filles qui venaient d'apprendre leur réussite au baccalauréat. En ce soir du 4 juillet 2013, à Rabat, les deux amies se préparent à fêter l'événement qui, malheureusement, les marquera à vie pour d'autres bien moins réjouissantes raisons. Car c'est une véritable tragédie que vivront cette nuit-là les jeunes filles à l'issue de la soirée qu'elles voulaient s'offrir en récompense : "Nous voulions fêter notre réussite, rapporte ainsi sur son blog Hiba, l'une des deux victimes. Et l'un des deux agresseurs, qui est un ami à Jihane et que je ne connaissais pas, lui a proposé de nous conduire là où on avait l'intention d'aller retrouver nos amis". La jeune fille poursuit en évoquant la longue errance à travers la ville que leur ont imposée les deux compères qui cherchaient, visiblement, un moyen de les isoler. Ils finissent par s’arrêter dans le quartier résidentiel de Bir Kacem où les deux amies seront séquestrées des heures durant.

Un déluge de violence

C'est un véritable déluge de violence qui s'abat ce soir-là sur les jeunes filles. Les insultes laissent vite place aux coups, aux humiliations, attouchements et violences sexuels. "Ils nous ont battues à coups de bâton de fer, menacées à l'arme blanche", confie, en effet, Hiba sur son blog avant de décrire les outrages que lui ont fait subir ses agresseurs et dont a de même été victime son amie Jihane; outrages alternant "violence verbale et agression physique et atteinte à la pudeur". Les mots de Hiba sont sans équivoque et le désespoir qui en émane poignant. "Ils m'ont souillé la peau", déclare-t-elle encore. La phrase est cinglante de douleur, saisissante de justesse. Car en parlant de "peau", la jeune Hiba met en exergue de façon criante une atteinte à son intimité, à son identité, à son intégrité, à son être propre.

Dépôt de plainte et arrestation

Rouées de coups et violées, les jeunes filles, avec l'appui de leurs familles respectives, décident de porter plainte, et ceci malgré les tentatives d'intimidation des violeurs qui pensaient pouvoir s'en tirer à bon compte grâce à leur jusqu'ici confortable statut de "fils à papa". Les deux voyous ont en effet, pour l'un, un père haut gradé dans l'armée et, pour l'autre, un beau-père qui faisait anciennement partie de l'élite des hauts responsables. Mais la colère est vive, la souffrance plus encore. Le mal est fait et la peur n'a plus prise sur les jeunes victimes. Assoiffées de justice et armées, quant à elles, d’une remarquable dignité, les mères de Hiba et Jihane dénoncent avec courage les sévices monstrueux faits à leurs filles et alertent les réseaux sociaux. La nouvelle se propage. L'affaire choque et fait grand bruit. Les réactions se multiplient et se font de plus en plus vives. C'est de tout le pays que les jeunes filles ont à présent l'appui.Les deux violeurs seront arrêtés le 22 juillet et avoueront très rapidement les faits. 

Appel à un sit-in le jour du procès

Les agresseurs ont comparu le 24 juillet devant le procureur et sont depuis en détention provisoire, en attendant la date du procès fixée au 5 août. Nul doute que ce jour mobilisera autant de personnes qu’en ce mercredi 24 juillet où des dizaines de personnes, en majorité des femmes, sont venues soutenir les jeunes victimes au tribunal de la Cour d’appel de Hay Riad. Plusieurs associations et collectifs de lutte contre la violence faite aux femmes ont en effet lancé un appel pour organiser un sit-in au jour du verdict, à 10h, devant le tribunal. Ce rassemblement pacifique a pour but de soutenir Hiba et Jihane et, plus largement, de dénoncer la recrudescence des cas de viols au Maroc et le laxisme d’un système qui, jusqu’ici, n’a que trop souvent desservi les victimes et profité aux criminels. Nombreux sont en effet les cas où les coupables de viols ont écopé de peines ridicules. Espérons que justice soit rendue, ce 5 août, aux deux jeunes filles, et que soit donné ce jour-là l’espoir d’une réforme plus qu’urgente de la législation marocaine en la matière.

Par Bouthaina Azami
Le 31/07/2013 à 20h43, mis à jour le 31/07/2013 à 21h31