De père algérien et de mère marocaine, le grand écrivain Kebir Mustapha Ammi nous relate dans ce récit, en exclusivité pour Le360, la fabuleuse tentative de sa tante de passer la frontière entre le Maroc et l’Algérie, devenue «pire que le 38 parallèle qui sépare les deux Corées». Résidente à Taza, notre héroïne, qui se moque des interdits et de son âge avancé, emprunte les chemins d’hier, et ceux de la clandestinité, pour regagner Oran. Qui de mieux pour l’aider dans son entreprise que Boudenia, celui qui faisait la navette entre les deux pays «siamois», transportant armes et munitions sous l’Occupation, hommes et marchandises à l’indépendance. Un autre temps. Aujourd’hui, le voyage, c’est pour revoir ses cousins, mais aussi briser un sort. Parce que «personne ne devrait pouvoir fermer une frontière» et qu’«une frontière n’a jamais été conçue pour être bouclée, il n’y a que les imbéciles et les profanateurs qui font ça». Son aventure, elle l’entreprend pour défendre «le droit des peuples à n’être jamais séparés de ceux qu’ils aiment». Un texte délicieusement composé, mais trahissant une souffrance, celle de ne plus pouvoir retrouver les «siens» et de ne rien pouvoir contre l’absurde. Le voici.