Tahar Ben Jelloun

Le coup de gueule

"Tahar Ben Jelloun est sans conteste l'écrivain marocain le plus renommé au monde. Bien avant ""La nuit sacrée"", suite de ""L'enfant de sable""| qui lui a valu le prix Goncourt en 1987| il avait su séduire les plus exigeants des lecteurs et critiques avec des romans des plus saisissants et indéfinissables les uns que les autres. ""Harrouda""| ""Moha le fou| Moha le sage"". Des romans/poèmes| tant Ben Jelloun ne peut être cantonné à un genre| lui qui interpelle l'oralité propre à la culture originelle pour détourner la langue d'écriture et la rendre plus belle que jamais| plus que jamais parlante| et porteuse."

La chute
Durant plusieurs années, l’Abbé Pierre arrivait en tête des sondages des personnalités les plus aimées de France, et tout le monde trouvait cela normal et mérité. Aujourd’hui, on débaptise les écoles et lycées portant son nom, on enlève les plaques des rues à son nom. On ne sait plus quoi faire pour encaisser le coup et faire oublier la grande, l’immense méprise, celle d’un démon, agent du mal absolu.
De la laideur
Je regardais l’autre jour la photo de deux personnalités politiques algériennes: une laideur consternante se dégageait de leur visage, de leur regard, et même de leur poitrine endimanchée. Ici, ce n’est pas une malformation ou un rictus nerveux. Ici, c’est l’âme qui parle. Elle est bavarde. Ça se voit et ça s’entend. Il suffit de tendre l’oreille.
Rapacité
Gouverner, c’est prévoir. Or, le gouvernement actuel n’a pas l’air de prendre la situation au sérieux. Est-il au courant? Est-ce que des ministres daignent aller au marché faire leurs courses ou envoient plutôt leur chauffeur s’acquitter de cette corvée? Quelqu’un devrait les alerter: réveillez-vous! Le peuple ne peut plus supporter cette rapacité qui touche tous les produits.
Tolérance
Si des individus ont osé menacer deux intellectuels avec la promesse de les égorger, c’est que derrière ces fanatiques, il y a la folie des réseaux sociaux et la démagogie de responsables politiques qui utilisent l’Islam pour se maintenir dans la vie politique, malgré leur défaite cuisante aux dernières élections législatives.
La légèreté
Les armoires sont pleines de vêtements dont on a oublié l’existence. On consomme trop. On achète trop, et souvent des choses dont on n’a pas vraiment besoin. Vivre léger. Avec le minimum. Et le bonheur est possible.
De la haine
À la suite d’agressions répétées, diffamatoires, injurieuses et simplement haineuses à mon égard, parues dans un torchon algérien, j’ai décidé, non pas de répondre à l’individu qui les a commises, car mon mépris suffit, mais de creuser un peu la notion de haine qui semble habiter profondément ce type qui n’a même pas osé signer par son nom.
Hendia
Qu’est-ce qui s’est passé cette année pour que l’un des fruits les plus populaires du Maroc devienne si rare et atteigne un prix exorbitant?
Le Tanger d’avant
Le Gran Café de Paris («Gran», en espagnol), situé au centre de Tanger, l’ancien Tanger, face au Consulat de France, est un lieu privilégié pour observer les gens qui passent.
Ces généraux qui n’aiment pas les écrivains
Vers la mi-août paraîtra chez Gallimard «Houris», un roman terrible, effrayant, puissant et cruel de vérité sur la guerre civile algérienne entre 1990 et 1999. Son auteur, Kamel Daoud, l’a composé sur un réel faisant partie de l’histoire du pays. Et à travers le personnage principal, s’égrène le récit des carnages, des victimes mortes pour rien, oubliées… que le régime cherche à tuer une seconde fois.
Macron et Spinoza
On se demande ce que les relations franco-marocaines, qui commençaient à se réchauffer, vont devenir. Une visite d’État était prévue cet automne. Aura-t-elle lieu? Il était même convenu que Macron fasse une déclaration importante concernant le Sahara marocain. J’ai eu l’occasion récemment d’en parler longuement avec son épouse Brigitte.