Au Maroc, les horodateurs ne rendent pas toujours la monnaie. Ils la gardent pour eux. Pourquoi? Mystère.
Font-ils exprès? Non, puisqu’ils ne sont pas humains, ils ne peuvent pas réfléchir. Ce sont des machines. Il faudra donc demander à ceux qui les programment.
J’appelle cela du vol. Ou alors du bakchich. Les horodateurs marocains aiment le bakchich. Voilà. Ils n’attendent pas que tu leur donnes, ils se servent sans demander ton avis.
Quand ils tombent en panne, et sont incapables de te délivrer un ticket, les horodateurs marocains continuent malgré tout d'avaler ton argent. La case "glissez ici votre argent" continue de fonctionner. Elle ne s’arrête jamais. Donc tu glisses ton argent et tu attends et il ne se passe rien. Pas de ticket et pas d’argent rendu.
Tu te retrouves au final devant une machine qui vient de t’arnaquer. Et tu ne peux rien faire. Tu ne peux pas protester. Tu ne peux pas avoir une explication. Tu ne peux même pas frapper la machine, puisque c’est toi qui te feras mal à la main ou au pied. Tu ne peux rien faire. C’est une machine, elle ne ressent rien, il faudra demander à celui qui l’a programmée…
Le pire c’est quand tu es victime, non pas d’une machine, mais de plusieurs. La première prend ton argent, même si elle est en panne. La deuxième aussi. Quand tu arrives à la troisième et que tu obtiens enfin ton ticket, tu te retournes et tu vois de loin le sabot jaune qui bloque ta voiture au sol.
Tu as payé trois machines et tu te retrouves avec un sabot et une amende à régler.
Alors tu appelles la société propriétaire de toutes ces machines arnaqueuses. Tu te plains. Tu expliques comment la première machine (pourtant en panne!) t’a grugé, la deuxième aussi, et comment la troisième t’a délivré le précieux ticket alors que le sabot avait déjà immobilisé ta voiture.
Et lui, en face, il compatit, il hoche la tête, oui il comprend. Ces machines, dit-il, «elles sont toutes pourries». Les machines seulement? Quid de ceux qui les programment?
Oh, s’exclame-t-il, «moi je n’y suis pour rien, mon boulot s’arrête à encaisser l’amende avant d’enlever le sabot… Et vous avez une amende à payer, monsieur!».
L’histoire s’arrête là…ou presque. Un homme en blouson bleu, qui a assisté à toute la scène, se présente pour vous consoler. Il est gardien de voitures. Il explique que les machines lui volent son gagne-pain et menacent de le mettre au chômage. Au Maroc, poursuit-il, «même les machines peuvent vous voler!».
Mais, conclut-il, «si vous m’aviez donné quelques dirhams, j’aurais surveillé votre voiture et empêché ces sales machines de vous voler!».
Fin de l’histoire, pour de bon. Rien à ajouter.