En attendant le vaccin… ou Godot?

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ChroniqueViendra, viendra pas? L’attente du vaccin commence à ressembler furieusement à la pièce de Samuel Beckett…

Le 16/01/2021 à 09h01

Cette histoire de vaccin qui n’en finit pas d’arriver tourne à l’absurde. Personne n’y comprend plus rien. On nous parle de lots de vaccins chinois, américains, indiens, britanniques, blabla. On nous fournit des explications en pointillés sur la difficulté d’assurer la chaîne de froid, sur des essais cliniques dont les résultats seraient cachés ou inconnus, sur de mystérieuses tractations qui traînent, traînent…

Et puis, quoi encore?

Celui qui prête réellement l’oreille à tout ce qui se chuchote ou se dit a de quoi devenir fou ou très fortement paranoïaque. Il y a beaucoup de voix et d’avis, beaucoup trop d’informations invérifiées, contradictoires ou complètement farfelues. Mais la voix la plus attendue, celle du ministre de la Santé, qui devrait rassurer ou clarifier, reste curieusement inaudible. Monsieur le ministre joue le mystère. Ses silences, ses hésitations, ses explications évasives, tout cela installe le doute, voire le malaise.

Quand il parle, les gens pensent: «Qu’est-ce qu’il cache?».

C’est dommage parce que quand le ministre dit ne pas connaître la date exacte de la livraison des premiers vaccins, il y a problème, gros problème. Ce silence étrange laisse les gens, en face, développer les raisonnements les plus «névrotiques». Quel est le problème, s’interrogent-ils: le prix? Les garanties médicales? Les effets secondaires éventuels?

Quand on nous dit, par exemple, que le Maroc «négocie» avec tel ou tel laboratoire ou pays, il faut quand même lâcher un peu plus d’informations: qui négocie exactement et avec qui? Que négocie-t-il surtout, le prix ou autre chose? Qu’est-ce qui bloque? Pourquoi le Maroc a-t-il été «doublé» par d’autres pays, lui qui devait être parmi les premiers à recevoir ces fameux vaccins?

S’il y a un problème quelconque, le gouvernement doit sortir du bois et rendre compte de tout ce qui se passe aux citoyens. C’est la moindre des choses.

Allez, allez, prenez votre courage à deux mains, respirez, et parlez, parlez vrai surtout. Dites-nous de quoi il retourne, et arrêtez de tourner autour du pot. Donnez des noms, des dates, des chiffres. Arrêtez avec des «nous sommes en pourparlers…», comme si le Maroc négociait l’achat d’armes chimiques. C’est absurde.

Ces silences et ces hésitations alimentent la peur et le discours complotiste qui se glisse dans les esprits. Ces silences ressemblent à une campagne anti-vaccination. Quand Godot, pardon le vaccin, arrivera, peut-être que plus aucun bras n’en voudra. C’est au moins aussi absurde que la pièce de Samuel Beckett!

Par Karim Boukhari
Le 16/01/2021 à 09h01