Dans quelques heures, nous saurons si le Maroc s’invitera à la prochaine fête mondiale du football, qui aura lieu l’été prochain en Russie. Le Maroc peut le faire. Il en a les moyens. Ce qu’il faut, c’est que la sélection entraînée par Hervé Renard ramène un point au moins de Côte d’Ivoire.
Ce point, il va falloir le chercher. L’arracher.
En football, le Maroc n’a pas trop l’habitude d’arracher des qualifications à l’extérieur, loin de la maison. Prendre un point ou plus chez un adversaire qui rêve, lui aussi, de gagner et de s’inviter au prochain Mondial, cela veut dire être conquérant et très fort dans sa tête. C’est un défi.
Et ce défi, il va falloir le relever.
La Coupe du monde. Le Mondial. On en a presque perdu le souvenir. Vous vous rendez compte? Le dernier Mondial auquel le Maroc a pris part remonte à 1998. Une éternité. C’était en France. Depuis, nous avons raté quatre coupes du monde, quatre rendez-vous extraordinaires.
Quelle est cette amoureuse qui peut croire en vous et vous attendre après quatre rendez-vous manqués?
Samedi dernier, nous avons vu comment la victoire du Wydad de Casablanca a mis le pays en transe. Cela faisait 25 ans, un quart de siècle, que le Wydad n’était plus monté sur le toit du continent africain.
En battant les Égyptiens d’Al Ahly, le Wydad nous a rappelé le goût de la victoire. Aujourd’hui, il est trop tard. Notre appétit est grand. Nous voulons plus. Et tout de suite.
Le Maroc a besoin de victoires. Le pays a faim. Il a soif aussi. Les gens veulent faire la fête et communier. Ils veulent se jeter les uns dans les bras des autres. Comme des enfants. Ou des morts de faim qui entrevoient, enfin, un morceau de pain. Ils veulent exulter, oublier leurs soucis quotidiens, ils veulent s’enivrer.
Beaucoup de Marocains sont nés après 1986, année où le Maroc fit un formidable Mondial, allant jusqu’à passer le premier tour, éliminé par le futur finaliste de la compétition, l'Allemagne.
Nous avons vécu depuis une longue traversée du désert. Un Mondial raté aux États-Unis en 1994. Un Mondial frustrant en France en 1998. Et puis rien, ou presque. En dehors d’une finale de CAN en 2004, perdue mais fêtée comme une victoire.
À Abidjan, nous avons rendez-vous avec l’Histoire. Je fais partie de ces nombreux Marocains qui ont décidé de faire le déplacement pour supporter les Lions de l’Atlas. Je ne l’ai pas fait sur un coup de tête, mais sur un coup de cœur. Je me suis dit: cette équipe, ces garçons le méritent. Je le mérite moi aussi. Je me suis dit: j’ai connu la joie de 1986 et les frustrations d’après, je suis sûr qu’il est possible de vivre de plus grandes joies encore, quelque chose d’exceptionnel en intensité et en émotion.
Le football permet cela. Il ouvre la porte à ce rêve. La plupart des Marocains auront les yeux et le coeur, demain, à Abidjan. Ils seront eux aussi de ce voyage. Parce qu’ils rêvent d’un voyage encore plus loin, et plus beau: le Mondial. La Russie. Allez, répétons-le ensemble: nous y serons l’été prochain!