L’histoire du boxeur marocain, arrêté pour agression sexuelle le jour même de l’inauguration des Jeux olympiques, a provoqué stupeur et désolation. C’est une tragédie. Le «champion» marocain est accusé d’avoir pratiqué «deux DSK» (comprenez: il a, ou il aurait tenté d’agresser sexuellement deux femmes de chambre). Il était parti à Rio pour essayer de ramener une médaille d’or et voilà qu’il se retrouve derrière les barreaux, avec le risque de «ramener» une très lourde peine de prison.
Cette mauvaise blague mérite réflexion parce qu’elle arrive dans la foulée d’un autre scandale. Les affaires trahissant la misère sexuelle et son corollaire «le lâcher de sexes et de doigts» -excusez la vulgarité de l’expression - se suivent et se ressemblent. En ce moment même, l’entraîneur d’une équipe de jeunes purge une peine de prison en Suède pour avoir tenté d’agresser sexuellement trois mineures suédoises. Comme le boxeur, l’entraîneur était parti défendre les couleurs marocaines à un tournoi international. Il espérait gagner une médaille…
La théorie du court circuit mental et des mauvais instincts qui prennent le dessus offre un début d’explication. Mais il y a aussi autre chose. Nous sommes peut-être un pays qui ne sait pas encadrer ses «champions» quand ils partent en représentation loin du royaume.
Représenter un pays est une responsabilité et une somme de devoirs. Il faudra faire comme le maître d’école: ouvrir un tableau noir et expliquer aux «champions» que la liberté sexuelle que l’on prête à des pays comme la Suède ou le Brésil ne donne pas à nos représentants la liberté de pratiquer attouchements et tripotages sexuels comme bon leur semble. Le corps d’une femme n’est pas de la marchandise que l’on peut toucher et tripatouiller impunément. Que l’on se rende à Doha, Ryad ou Rio, le devoir d’exemplarité reste le même. Et si nos représentants ne le savent pas, il ne faudra pas hésiter à leur dispenser des «stages» de formation. Les récalcitrants et les mauvais élèves peuvent rester à la maison.
La misère sexuelle qui explose aujourd’hui avec nos sportifs avait déjà affecté nos réfugiés (cas de Cologne, le soir de la Saint-Sylvestre). Le coup de folie, comme on le voit, peut être le fait d’un individu ou d’un groupe d’individus. Le schéma est invariablement le même. A un moment donné, nos hommes se lâchent et mettent la main à la pâte: qu’ils soient seuls ou plusieurs, éméchés ou sobres, touristes ou clandestins.
On aurait tort de limiter le phénomène au seul cas où nos concitoyens se retrouveraient loin du royaume et donc «libres de leurs mouvements». Ce n’est pas le propre de sportifs mal informés ou de réfugiés en soif d’amour et d’attention. La plaie est plus large et plus transversale encore. Elle touche jusqu’aux…jeunes supporters de foot. Les gamins, à la sortie du stade, se livrent à un vaste «lâcher de mains et de sexes» sur les passantes: on vole, on agresse et on tripote les corps des femmes. Le tout, en totale impunité. Le phénomène est relativement récent. Les médias et les responsables évitent de l’évoquer: ils parlent simplement de «violences» et «d’attaques de bus et de voitures». Ils ignorent ou feignent d’ignorer les tripotages collectifs et autres formes d’agressions sexuelles contre les femmes.
Le pire, c’est que beaucoup parmi nos concitoyens ignorent que les attouchements et le tripotage sont à ranger dans la catégorie «viol»!
Alliée à l’absence d’éducation sexuelle et d’éducation tout court, la misère ou ce que certains appellent «la solitude sexuelle» devient une bombe. Celle-ci est en train de nous exploser à la gueule, au Maroc et un peu partout dans le monde. Je nous souhaite du courage !