En 1960, l’Algérie étant encore française, le général de Gaulle proposa au Maroc une négociation directe afin de régler définitivement le contentieux frontalier algéro-marocain résultant des amputations territoriales subies par le Maroc au profit de l’Algérie et datant de la colonisation. Le sultan Mohammed V refusa car il ne voulait pas négocier «dans le dos» des Algériens, et il répondit au général de Gaulle de la manière la plus nette que: «toute négociation qui s'engagerait avec le gouvernement français en ce qui concerne les prétentions et les droits du Maroc sera considérée comme un coup de poignard dans le dos de nos amis algériens qui combattent, et je préfère attendre l'indépendance de l'Algérie pour poser à mes frères algériens le contentieux frontalier».
Le 6 juillet 1961, le roi Hassan II ayant succédé à son père Mohammed V, le Maroc signa avec le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) un accord stipulant que les problèmes frontaliers existant entre les deux pays seraient résolus par la négociation dès que l'Algérie aurait acquis son indépendance.
Plein d’illusions, le Maroc, pensait alors que l'indépendance à venir de l'Algérie allait permettre de régler l’ensemble de la question entre «pays frères» , puisque le contentieux résultait de décisions coloniales.
Or, une fois indépendante, l’Algérie oublia l’élégance de la position marocaine pour se poser tout au contraire en héritière de la France, refusant de reconnaître que le Maroc, Etat existant depuis le VIIIe siècle, avait été territorialement amputé par l’ex-puissance coloniale au profit d’un Etat algérien venu au monde le 1er juillet 1962… Douze cents ans après sa propre naissance...
Au pouvoir après le coup d’Etat de l’été 1962 qui vit l’Armée des frontières renverser le GPRA, Ahmed Ben Bella ne s’estima pas lié par les engagements pris par le GPRA, et il refusa d’appliquer l’accord du 6 juillet 1961 comme le lui demandait le Maroc.
Les rapports se tendirent alors entre Alger et Rabat et le 8 octobre 1963, l’armée algérienne lança une attaque surprise contre les petites garnisons marocaines d’Hassi-Beida, Tinjoub et Tinfouchy. La «guerre des sables» venait d’éclater.
Le 14 octobre les FAR (Forces armées royales), reprirent les positions perdues, puis elles avancèrent vers la piste Béchar-Tindouf à la hauteur d’Igli, cependant que, pour tenter de soulager la pression militaire qu’ils subissaient, les Algériens ouvraient un nouveau front à Ich.
Le 25 octobre, les FAR remportèrent deux importantes victoires, l’une à Hassi Beida, l’autre à Tinjoub et le 28 octobre, elles étaient à portée de Tindouf.
Le général Kettani proposa alors au roi Hassan II une offensive à travers le Sahara afin de reconquérir les régions marocaines que la France avait rattachées à l'Algérie, à savoir, entre autres, la Saoura, le Touat, le Tidikelt et le Gourara.
Le souverain lui fit alors la réponse suivante:«(...) ça ne servira à rien, moi je pars du principe, peut-être cynique, que lorsqu'on fait la guerre à quelqu'un c'est pour avoir la paix pendant au moins une génération. Si on n'est pas assuré de la tranquillité pendant trente ans après avoir mis au tapis son adversaire, il vaut mieux éviter de lancer une opération militaire, parce qu'on défigure le présent, on compromet l'avenir, on tue des hommes, on dépense de l'argent, pour recommencer quatre ou cinq années après». (Hassan II, La mémoire d’un roi, Paris, 1993, page 86).
Le Maroc qui avait l’avantage militaire se trouva diplomatiquement isolé alors que l’Algérie bénéficiait au contraire du soutien du bloc de l’Est, de la Ligue arabe et de l’OUA (Organisation de l'unité africaine). Cuba envoya des troupes et des blindés à l’Algérie. Le Maroc rompit ses relations diplomatiques avec Cuba et rappela son ambassadeur au Caire après la capture par les FAR d’un hélicoptère algérien transportant des officiers égyptiens.
Une médiation fut ensuite menée par le président Modibo Keita du Mali et par l’empereur d’Ethiopie Haïlé Sélassié. Finalement, sous la pression de l’OUA, et alors que le Maroc était l’agressé, le roi Hassan II accepta un cessez-le-feu qui fut négocié les 29 et 30 octobre, à Bamako.
Le 1er novembre 1963, les troupes marocaines évacuèrent leurs gains territoriaux en Algérie et elles se retirèrent sur les lignes qu’elles occupaient à la veille du conflit. L’OUA mit en place une zone démilitarisée sur la frontière entre Figuig et Tindouf, sur 1000 kilomètres de long, surveillée par des observateurs éthiopiens et maliens.
Le 15 janvier 1969, un traité de paix fut conclu entre le Maroc et l’Algérie.
En n’allant pas au bout de sa contre-offensive militaire, et alors que l’armée algérienne avait été défaite, le Maroc avait fait un geste d’ouverture, espérant en retour que l’Algérie le soutiendrait dans son futur combat pour la récupération de ses provinces sahariennes alors sous souveraineté espagnole. Ce fut une nouvelle illusion, car Alger fut le parrain de la RASD et le soutien militaire du Polisario. L’on frôla alors une nouvelle guerre quand, le 27 octobre 1976, l’armée algérienne qui occupait Amgala, au Sahara occidental, pour le compte du Polisario, en fut chassée par les FAR.