Rabat et Tanger dans les starting-blocks pour l’organisation du Mondial des clubs de la FIFA!
On s’en réjouit pour ces villes hôtes et pour ce cher pays qui est le nôtre.
Des questions s’imposent toutefois: comment expliquer que la capitale économique du pays, si pompeusement dénommée par ses administrateurs, «Smart city», soit sur le banc de touche?
C’est d’autant plus interpellant que le champion du Maroc et d’Afrique en titre, n'est autre que le Wydad, une des équipes phares de Casablanca.
Comme si, lors de cette compétition footballistique mondiale, le Real de Madrid disputait ses matchs à Barcelone, le Regatas do Flamengo à Salvador de Bahia ou le Ahly à Alexandrie!
Outre l’état du grand stade de la mégalopole, assez scandaleux à lui seul, Casablanca est-elle en mesure d’organiser quoi que ce soit par les temps qui courent, au vu du délabrement avancé dans lequel elle se trouve et du nombre de chantiers, ouverts allègrement à toutes les prolongations. Sans coup franc jeu ni cartons!
Les premières révélations de la presse nationale ont fait part du secret de polichinelle qu’est la situation du stade, lequel, à part le gazon vraisemblablement, manquerait d’infrastructures conformes.
Comment est-ce possible avec les quelques 22 milliards de centimes engloutis durant les phases de rénovation et de mise à niveau?
N’est-il pas temps d’arrêter enfin l’hémorragie des dépenses pour ce stade de troisième génération et d’envisager un nouvel espace digne du rang de la ville, de ses clubs historiques et du nombre de leurs fans? D’autant que l’échéance de l’attribution de la CAN 2025 impose de jouer contre la montre…
Qu’on se souvienne des promesses, en fouillant dans la presse!
En 2014, soit juste avant la mise sur les rails de l’opération de lifting du complexe, on peut lire que «la mise à niveau des structures et infrastructures est désormais une des priorités de la ville afin de garantir la sécurité et le confort des utilisateurs et de s’aligner avec les normes internationales».
Toujours avec le même aplomb béat, qui n’a d’égale que la rigidité de la langue de bois, il est assené en 2019, que le stade «a été construit conformément aux normes internationales, celle de la FIFA en l’occurrence».
Là, dans ce contexte manifeste de non homologation, il faut bien avouer que quelque chose ne tourne pas rond…
Ça, c’est pour le stade! Que dire de la ville dans sa globalité?
D’abord et avant toute chose, que Casablanca est la première ville du Maroc par son importance économique et démographique. La première zone portuaire avec près de 60% des échanges commerciaux. La première place financière avec 30% du réseau bancaire. La première sur le plan industriel avec 38% d’établissements, 50% de la valeur ajoutée, 48% des investissements. La première au niveau de la contribution à la création d’emplois avec plus de 46% de la population active du pays…
Des chiffrent qui tranchent avec une gestion à la fois chaotique et injuste.
D’un Conseil à l’autre, tous les secteurs vitaux de la ville cumulent les dysfonctionnements, impossibles à synthétiser dans un billet, voire même dans un livre entier: chaussées et trottoirs défoncés, déchets en veux-tu en voilà, occupation illégale de l’espace public, déboires de la gestion déléguée en matière d’assainissement liquide ou d’éclairage public, capharnaüm invivable généré par les interminables chantiers…
Juste pour illustrer concrètement ce dernier point, donnons trois exemples chacun dans une catégorie!
Tout le monde connait La Casablancaise, construite en 1936 au sein de l’actuel Parc de la Ligue arabe!
Si la cure de jouvence de ce stade mythique est promise depuis 2002, le marché de réaménagement n’a été approuvé qu’en décembre 2015, pour un budget global de 46,79 millions de DH.
Il devait être bouclé en 18 mois… A la veille de la nouvelle année 2023, nous attendons toujours avec notre impatience légendaire de Casablancais…
Place à l’art et à la culture maintenant, en direction du Grand Théâtre qui devait ouvrir officiellement ses portes à la fin de l’année 2018!
Alors que le chantier est lancé depuis 2014, que le bâtiment imposant est achevé dans ses grandes lignes, à la date d’aujourd’hui, celui qui était présenté comme «l’un des plus importants complexes culturels d’Afrique et du monde arabe», attend toujours une inauguration, sans cesse ajournée, en l’absence de la moindre visibilité autour de ses orientations.
Troisième catégorie: jeux et loisirs!
Une autre palme revient ex aequo au parc archéologique de Aïn Diab dont les travaux ont été entamés en 2014 et devaient être achevés en août 2016; alors que le chantier du parc zoologique de Aïn Sbaâ a été lancé en 2015 pour une réouverture initialement prévue en 2018, avec, là encore, des reports successifs jusqu’à nos jours.
Comment après tant de désinvolture, de nuisances et de dépenses, ne pas interpeller directement les responsables de la ville qui ont le devoir de se prononcer publiquement ou en cas d’incapacité à communiquer et à exécuter leur mission, de passer le relais.
Quant à nous autres, Casablancais, quoi de plus légitime que d’aspirer à voir notre ville, à défaut d’être en haut du podium, du moins non reléguée systématiquement en queue de peloton!